Avec Night Call, Dan Gilroy officie pour la première fois en tant que réalisateur, lui qui a déjà officié en tant que scénariste notamment de l'excellent The Fall et du sympathique Real Steel. C'est lui que l'on retrouvera à l'écriture de Kong : Skull Island qui sortira dans quelques semaines (et pour le coup, ça donne un peu plus confiance au projet). Dans ce cas, il officie avec la double casquette de réalisateur et scénariste.
Pour continuer les présentations d'usage, le récit prend position dans le Los Angeles de la nuit où des amateurs sont à l’affût du moindre petit crime pour en tirer des images qu'ils revendront aux chaines de télévision locales. Et c'est en cherchant un boulot et en tombant par hasard sur un accident que Lou découvre le métier de freelance. Il se lance également dans la bataille, sauf que lui sera vraiment sans foi ni loi.
Pour incarner Lou, on retrouve Jake Gyllenhaal dont le talent n'est plus à démontrer et qui casse ici quelque peu son image de beau gosse avec un rôle qu'il tient parfaitement bien. Lou est un véritable enfoiré prêt à tout pour avoir les meilleures images. Flirtant sans cesse avec le non-respect de la loi, c'est surtout au niveau de la moralité que son personnage surprend. Son plan de carrière avant tout le reste. Pas de respect des victimes, pas de respect de quoi que ce soit et surtout une course à l'info et à l'image, mais à l'image qui va toujours plus loin dans le sanglant et dans le sensationnel.
Mais un type comme Lou ne pourrait pas exister s'il n'y avait pas une femme comme Nina (excellente Rene Russo), la directrice de l'info d'une des chaines locales. La télé vivote et sa position est menacée. Alors quand Lou arrive avec des images gores, trash et qui vont buzzer, la femme y voit de quoi sauver sa carrière et doper l'audience. On rentre dès lors dans une relation de donnant - donnant où aussi bien Lou que Nina vont trouver leur compte. Et tant pis pour l'éthique. Tant pis pour les victimes. Tant pis pour les familles.
L'oeuvre est propre au niveau de l'image, la bande-son est nickel et Gilroy mène parfaitement bien la barque. Je dois quand même lui reprocher un sentiment de longueur qui n'est pas vraiment imputable au rythme mais plutôt dû à une certaine répétition de séquences ou d'événements fort semblables. Je pense que si le film durait quinze minutes de moins, on tenait quelque chose d'aussi puissant.
Car c'est bien dans la dernière demi-heure et par l'un des événements que Lou provoque que le film prend une dimension encore plus intéressante. Le manque de scrupule du "journaliste" prend encore plus d'ampleur. Mais au-delà de tout cela, c'est aussi par le choix de Nina qui prendra la décision d'offrir le sanguinolent plutôt que la réelle information qui démontre le gros problème de nos médias aujourd'hui.
Si l'oeuvre se déroule à Los Angeles, son message n'en est pas moins universel et la dénonciation du système du journalisme à l'heure actuelle fait du film de Dan Gilroy l'un des meilleurs sur le sujet. Un indispensable.