Avec Night Call, Dan Gilroy nous offre pour son premier long-métrage une satire acerbe du voyeurisme généré par nos médias actuels.
Lou Bloom est un jeune homme qui vit de vols et cherche une situation plus stable. Voyant ses demandes d’emplois rejetées, il se lance un peu par hasard mais fasciné dans le journalisme freelance en tant que pigiste. Son métier consiste désormais à parcourir les rues de Los Angeles pour arriver le premier sur les lieux de crimes ou d’accidents afin de les filmer. Les vidéos réalisées sont ensuite revendues à une chaîne de télévision locale.
Formidablement et justement interprété par Jake Gyllenhaal, le personnage de Lou Bloom, qui occupe presque entièrement l’écran à lui seul, semble d’apparence rassurant et naïf, mais ce n’est qu’une facette de sa personnalité qui vise à tromper ses interlocuteurs et le spectateur. En effet, il apparaît peu à peu comme un psycho/sociopathe dangereux et dont l’ambition n’a aucune limite.
Le ton est donné dès les premiers plans et la première scène : sombre, effrayante, malsaine, contrastée entre la beauté et l’horreur, telle est l’ambiance de Night Call. Les scènes de nuits sont liées au crime, les scènes de jour, à la réussite. Le rythme va crescendo, mais l’on sait, l’on sent, que Lou Bloom atteindra le point de non-retour.
Mais bien plus qu’un simple récit de vie, Night Call est une critique des médias audiovisuels et du voyeurisme qu’ils entretiennent dans la société. A l’heure où la crudité et la violence des images sont de plus en plus largement banalisées, Dan Gilroy rappelle que derrière le pathos des reportages télévisés se cache un business sans bornes.