De l'importance d'avoir un solide business plan
Mon premier contact avec "Nightcrawler" fut parfait.
La pluie s'abattait violemment dans la nuit glaswegienne, si bien que je m'élançai tête baissée à la recherche d'un abri de fortune. Tel un acrobate, j'évitais flaques et passants mais ne pu rien faire face au double-decker bus qui obstruait impérialement le passage. Dépité, et trempé, je tombai alors nez-à-nez face au visage perturbant et à peine éclairé de Jake Gyllenhaal. Au-dessus, ces mots: 'The city shines brightest at night.'
La nuit, élément central de ce thriller glaçant - par ailleurs première réalisation de Dan Gilroy (dont les seuls faits d'arme jusque là étaient les scénarios de quelques films plutôt dispensables.) Parfaitement filmée, elle devient le terrain de jeu d'un Gyllenhaal une nouvelle fois très en forme. Lou Bloom, le personnage qu'il incarne, est un type un peu paumé embourbé dans le cercle vicieux du recel de matos volé ('I can't hire you.. you're a thief!') Mais ça, c'était avant.
Avant qu'il ne découvre les possibilités liées à la revente de vidéos (toujours plus trash) de faits divers aux chaînes de télévision. Et parce qu'il est bien moins bête qu'on pourrait le penser (complètement fucked up, mais pas bête le bougre), sa petite entreprise va très vite lui permettre de voir l'avenir sous un autre angle.
Et c'est là que tout bascule. Lou va passer de l'amateurisme le plus total, au roi du fait divers. Sa relative insouciance (folie ?) lui permettant de filmer ce que d'autres n'oseraient jamais filmer, toute notion de déontologie va définitivement disparaître. Le spectateur est alors complètement pris dans ce tourbillon de folie. Une folie qui ne fait, après tout, que suivre le business plan que Lou a conçu pour son entreprise. On peut donc probablement voir une critique du traitement du fait divers à la télévision. Jusqu'où peut-on aller dans l'illustration de ces faits dramatiques?
Durant près de deux heures, la tension et le suspens sont omniprésents, le tout saupoudré d'une bonne dose d'humour (aux dépens du personnage, très souvent) permettant au spectateur de relâcher la pression quelques instants. Un très grand moment de cinéma au final éprouvant porté par un excellent casting!
Très certainement dans le Top 3 2014!