Attention, ce flim n'est pas un flim sur Kavnisky
Et ce flim est, à l'évidence, encore une victime du syndrome franco-français qui consiste à traduire un titre anglais... Par un titre anglais. Non mais je veux bien comprendre que les français ont un peu de mal avec l'anglais mais au pire ils auraient prononcé Naïte cralère à la caisse et ça n'aurait pas forcément nui aux entrées du fli... film. Parenthèse à part, une fois encore, je ne savais pas à quoi m'attendre en voyant Naïte col réalisé par Dan Gilroy qui signe ici son premier long-métrage. Ça passait en avant-première, juste avant le souper, alors j'y suis allé sans savoir à quoi m'attendre.
Pour faire simple, Nightcrawler raconte l'histoire d'un type qui vit de petits larcins jusqu'au jour où il découvre l'univers du journalisme freelance. Et ce fait, il découvre qu'être au bon moment et au bon endroit avec une caméra peut être une activité bien lucrative, d'où l'intérêt de passer des nuits à traquer la prise de vue que les télévisions s'arracheront.
Ce postulat de départ s'installe assez vite dans une narration qui sera centrée sur l'ascension de ce type qui n'aura pas froid aux yeux pour tenter de décrocher en premier les images tant convoitées. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette "chasse" est vraiment prenante. J'ai pris un malin plaisir en effet à suivre ce personnage sans scrupules qui ne reculera devant rien pour se faire de l'argent.
Et forcément vu le sujet, le film arbore un côté cynique loin d'être déplaisant. Le film fonctionne surtout grâce à ça d'ailleurs. Le protagoniste principal veut juste gagner du blé sans se soucier des principes moraux et Gilroy ne va jamais chercher à le remettre en question. Il met en place une véritable success-story qui prendra ses racines dans la recherche avide de l'événementiel.
Mais en ça, Nightcrawler n'est pas un monstre de subtilité. On peut même dire qu'il enfonce des portes ouvertes en critiquant ces médias qui cherchent à décrocher l'exclusivité des images d'un événement tels des vautours gravitant autour d'une proie attirante. Mais cette critique reste bien dosée dans l'ensemble. Elle ne surchage pas le récit et est nécessaire car ce sont les médias qui feront le bonheur de Lou, "reporter" improvisé. Plus de finesse aurait été souhaitable mais ce qui est dit sur le sensationnalisme des médias reste vrai. La critique reste plutôt adroite malgré tout.
Jake Gyllenhaal réalise une nouvelle fois une prestation intéressante. J'aime bien cet acteur et ça fait plaisir de le voir dans des bons films dernièrement. Faut dire que le mec se remet d'un drame terrible et sûrement très traumatisant. En effet, il y a 10 ans il a tourné dans un Emmerich.
Bon par contre je ne comprends pas pourquoi cette transformation physique car le rôle ne le nécessite absolument pas. Dans Raging Bull la transformation physique de DeNiro avait un sens mais maintenant j'ai l'impression que les acteurs font plus ça pour épater la galerie qu'autre chose. Bon ceci dit Gyllenhaal joue bien sans ça du coup ça ne me gêne pas trop. Mais si il gagne l'oscar du meilleur acteur, je risque de revoir mon jugement et de hurler à l'arnaque car il y a quand même eu mieux en 2014. Le reste de la distribution s'en tire plutôt bien également, ça fait deux fois que l'on revoit Bill Paxton dans l'année d'ailleurs, lui qui avait disparu de la circulation dans les années 2000.
Concernant la mise en scène, Nightcrawler s'en tire honorablement avec notamment une action claire, limpide et de bons moments de tension. Et la photographie est vraiment agréable, elle sublime cette ambiance nocturne très sympathique. Mais quelque part j'aurais préféré plus de prise de risques. Je trouve le film très agréable, bien foutu et avec de bonnes idées mais dans l'ensemble ça reste assez "sage" à mon goût. Je pense qu'il y avait moyen de faire quelque chose d'encore plus sombre, plus oppressant, plus glauque.
La séquence de l'assassinat de la maison est une bonne illustration de ce léger manque d'audace. On aurait pu faire quelque chose de plus terrifiant même si le propos du film justifie aussi ce manque de tension. Car Nightcrawler centre plutôt ses enjeux sur ce personnage déshumanisé et qui semble dénué de toute émotion. Risquer sa vie lui importe peu, seul le fric compte. Et au fond, c'est peut-être ce qui est le plus effrayant.
Nightcrawler constitue donc une bonne surprise pour ma part même si ça aurait gagné à être plus fin et à développer une atmosphère plus malsaine. L'expérience aurait été plus perturbante et de ce fait plus marquante. Mais dans l'ensemble on a là un film bien fait, bien écrit avec un Gyllenhaal en pleine forme et un humour noir très appréciable. Ne boudons pas notre plaisir de voir un bon film à défaut d'un grand.