A quoi viens-je d'assister ? Qu'est-ce qui s'est passé pendant ces presque deux heures ? Pourquoi ai-je la chair de poule et le sang glacé ? Parce que j'ai vu un acteur nommé Jake Gyllenhaal faire plus qu'incarner un des personnages les plus cyniques et les plus glaçants que le cinéma nous ait offert ces dernières décennies.
Un vil calculateur, d'une misanthropie même pas réfrénée, prêt à exploiter toutes les failles de notre société pour grandir dans la pyramide sociale et gagner un peu plus d'argent. Le voilà donc parti exploiter un de nos principaux défauts : notre voyeurisme, notre soif de sensationnalisme augmentée par les chaînes d'infos en continu de plus en plus nombreuses et ayant de plus en plus de succès.
En France, ces chaînes ne font déjà pas dans le social alors imaginez l'état des chaînes américaines !
Là est la principale critique que porte le film à bout de bras : cessez de chercher à tout prix le sensationnel et revenez au journalisme utile. La trop forte implication des journalistes et la recherche du "toujours plus près" ne peut conduire qu'à des catastrophes.
Bien sûr, dans le cas de "Night Call", on atteint des paroxysmes. L'exagération est vraiment forte (c'est peut-être un de ses points faibles d'ailleurs) mais le constat est là : on est déjà allé trop loin.
Ce message est mis en scène avec brio par Dan Gilroy qui semble avoir été inspiré par le film "Drive" de Nicolas Winding Refn pour les scènes de voitures. Bien sûr, l'identité visuelle n'est pas la plus originale qui soit mais il y a du travail derrière, cela se ressent et peut mener parfois à des plans plutôt beaux, plutôt agréables à regarder et chargés de symboliques si l'on sait bien regarder.
Mais là où le film diffuse le mieux son message, c'est quand il marque. Et il marque surtout grâce à Jake Gyllenhaal, transformé physiquement pour le rôle et qui est rentré tellement dans son personnage qu'on ne le reconnaît plus, qu'on a l'impression qu'il ne joue pas mais que c'est une véritable personne qui joue son propre rôle.
La lueur de folie qui se trouve au fond de son regard en est un excellent exemple (si ce n'est le meilleur exemple).
Oui, je suis vraiment impressionné par ce point et le film mérite d'être vu presque rien que pour lui. Il en a fait du chemin depuis "Prince of Persia" !
Bref, "Night Call" est un très bon film, utile et glaçant. Je vous le recommande.