J'ai enfin pu voir Night Fare dans lequel mon ami Jonathan Demurger à un des rôles principaux du film, et tout ça en sa présence, et celle d'une grosse partie de l'équipe du film au cinéma Gaumont Stade de France, seule grosse salle de distribution qui a bien voulu sortir le film en France (pas de UGC ou de Pathé). Vous vous demandez comment cela est possible aujourd'hui en France de ne pas plus mettre en avant un film français, c'est parce que le film à été auto-produit, et donc les majors français n'ont pas voulu le distribuer (au demeurant je trouve ça abjecte, mais c'est le business).
Avant d'être un film, Night Fare est avant tout une histoire humaine, incroyable. C'est l'histoire de trois potes, l'un d'eux (Julien Seri) pense abandonner le cinéma, c'est alors que ses deux potes de toujours viennent le voir et lui propose de faire un film ou de partir en vacances... Et la suite on la connaît, Julien est super chaud pour faire un film, mais si on le fait c'est tout de suite (3 mois après l'idée, le tournage se fait). Donc ni une, ni deux ils vont chercher une idée, écrire un scénario, demander aux potes de l'aide, et donc 3 mois après ils sont enfin prêt à le tourner et à redonner goût à Julien Seri, afin qu'il n'abandonne pas le cinéma qui lui est si chère, même si réaliser le film en 24 jours est un combat de chaque instant.
Vous pouvez retrouver une partie de cette histoire complètement folle dans le making-off du film, On part en vacances ou on fait un film.
Comme vous pourrez le voir dans le making-off, à la base ils pensaient faire le film avec 80 000€, mais ils se sont vite rendu compte que ce ne serait pas possible, finalement entre du financement privé, leurs propre fonds et les 50 000€ récoltés sur Ulule, ils ont réussi à faire le film pour bien moins de 1 million d'euros (mais genre beaucoup moins). Comme quoi faire un film complètement indépendant c'est possible, mais c'est quand même un taf de ouf, et surtout une super équipe.
Pendant tout le processus créatif du film, on n'a pas arrété de leur dire qu'ils n'y arriveront pas, d'abord ils ne le feraient pas, ensuite ils ne le finiront pas, ensuite s'ils le finissent le film sera mauvais, puis il ne sortira jamais en salles; aujourd'hui le film est en salles, et je peux vous dire qu'il est bien. Julien Seri est lui-même tant satisfait qu'il envisage d'en faire une suite ou de le développer sur d'autres formats (la série télé, voir un remake US). Bref ce film lui a redonné le goût du cinéma, et il est déjà sur un nouveau projet, et on se doute bien que ce sera encore un film coup de poing, ça c'est sûr.
Le film de genre à encore de beaux jours devant lui en France grâce à des réalisateurs comme Seri, car même si on leur met des bâtons dans les roues, ils finissent toujours par faire de superbes films (Made in France est un autre exemple, même si radicalement différent, le film lui ne sortira pas en salles suite aux événements terroristes qui ont eu lieu en France et notamment à Paris). Night Fare n'a beau sortir que dans une trentaine de salles en France (dont une seule à Paris et deux en Banlieue), le film à le mérite de sortir en salles pour notre plus grand plaisir.
Il est quand même dingue de se dire qu'un réalisateur comme Julien Seri a failli abandonner le milieu du cinéma, décourager de ne pas pouvoir monter un projet depuis 2007 (Scropion son dernier long-métrage avant Night Fare), pendant ce laps de temps, il a tout de même essayé de mener à bien 6 de ses projets (quand on sait que l'un d'eux à était arrêté peu de temps avant le tournage car le producteur voulait 7 millions et non 6, alors que Julien était prêt à réaliser le film avec 6 millions qui était déjà le double du budget de son dernier film, on comprend qu'il se décourage) qui à chaque fois se sont conclus sur des échecs. Pourtant certains projets n'étaient pas des films de genre, il y avait même un film d'amour et une comédie, mais on ne lui a pas laissé sa chance car au cinéma il n'était pas connu pour ça, alors qu'il en a réalisé pour la télévision. Bref quand on voit qu'un réalisateur qui a déjà à son actif 3 long-métrages cinéma, des téléfilms, 10 courts-métrages et plus de 400 pubs à son actif, a encore du mal à monter un projet, je trouve ça honteux.
Pour en venir à l'histoire du film, on a ici à faire à deux vieux amis qui se retrouvent, l'un sort avec l'ex de l'autre, les retrouvailles ne partent pas forcément du bon pieds, mais ils vont essayer de passer outre et de faire la fête. Après une nuit un peu arrosée, ils vont prendre un taxi, et vont décider de partir sans payer, à la suite de quoi le chauffeur va les poursuivre afin qu'ils règlent leur dette.
Voilà en gros le synopsis du film, sans trop vous en dévoiler. Le driver à une place toute spéciale dans le film, et sa voiture aussi (une Chrysler 300 C noire), le traitement de ces deux là n'est pas sans rappeler Drive et Duel. Le film est nerveux, à une très belle photographie qui par moment rappel Kubrick (Eh oui), les acteurs sont aux tops, les cascadeurs aussi, la musique de Alex Cortés colle parfaitement, hormis deux/trois cadres où l'on sent la caméra chercher ce qu'elle filme, le film est assez irréprochable; ce qui reste dingue pour un film tourné en 24 jours.
Vous vous demandez certainement comment les plans aériens ont étaient réalisés puisqu'il est impossible de survoler la ville de Paris avec un hélicoptère ou un drone, ben ils ont tournés ses scènes à Shanghai, si ça c'est pas la classe. D'autres plans, comme celui de la voiture dans le hangar ont également étaient tournés en drone, mais là c'était en intérieur.
Coté casting Julien Seri (Yamakasi / Les Fils du vent / Scorpion) a su bien s'entourer, on retrouve Jonathan Howard qui apporte cette touche anglaise au film (World War Z / Thor : Le Monde des ténèbres / la série télé Dominion), Jonathan Demurger (La Belle et la Bête / puis dans une autre mesure L'autre vie de Richard Kemp où je l'ai rencontré), Fanny Valette (A Love You / Molière), Jess Liaudin (Antigang), et Edouard Montoute (la saga Taxi / Fracassés / et prochainement dans DieuMerci).
La post-production a prit beaucoup plus de temps, car à ce moment là, ils devaient beaucoup d'argent, donc ce n'était pas facile d'aller au bout, mais en étalant les 3 semaines d'étalonnage et de post-prod. sur 3 mois ils ont réussi l'infaisable.
Je ne serai vous dire à quel point il est important d'aller voir ce film, afin de supporter le cinéma de genre, mais aussi les films à petit budget, et de montrer aux distributeurs français qu'on a envie de voir ce cinéma, et qu'ils sont idiots de ne pas lui donner sa chance !