Après deux Yamakasi dispensables et un Scorpion appliqué mais un peu clichetonneux, Julien Seri dégaine un efficace thriller horrifique en guise de quatrième long métrage de cinéma. D’emblée, Night Fare séduit grâce à son pitch accrocheur rappelant le Duel de Spielberg. Et, bonne surprise, le voyage s’avère plutôt fun ! Dommage que le scénario soit aussi inégal… à l’image du twist final bien WTF et moralement ambigu.


Dur dur de produire un film de genre en France, hein ? En bon débrouillard, le réalisateur Julien Seri – dont les six derniers projets n’ont pas abouti – a demandé l’aide des internautes qui ont cofinancé Night Fare (« tarif de nuit » en bon français) à hauteur de 50 346 euros via la plate-forme Ulule. Évidemment, un tel engouement est à double tranchant car il crée une véritable attente : les gens en veulent littéralement pour leur argent ! Du coup, le metteur en scène a mis les bouchées doubles pour livrer un film de qualité. Planté en quelques plans iconiques – tour Eiffel, Notre-Dame, bords de Seine –, le décor parisien est uniquement là pour servir de terrain de jeu au fameux taxi.


Bien que la silhouette du conducteur apparaisse dès le début, c’est bien son imposant véhicule qui représente la menace la plus immédiate. Tantôt rugissante, tantôt tapie dans l’ombre, l’automobile se comporte comme un fauve implacable en quête d’une proie. Une proie double en l’occurrence : Luc (Jonathan Demurger, vu dans La Belle et la Bête de Christophe Gans) et Chris, son pote anglais (Jonathan Howard, aperçu dans World War Z). Partis sans payer la course, les deux compères vont passer une bonne partie du film à tenter d’échapper au taxi prédateur, le tout baignant dans une chouette BO d’Alex Cortés aux lignes de claviers typées 80’s (surtout les morceaux Night Watch et Downward Spiral).


Si le postulat d’une chasse à l’homme orchestrée par un taxi peut prêter à sourire, force est de constater que la sauce prend bien, malgré quelques ficelles un peu grossières telles que l’apparition soudaine de la voiture que l’on croit avoir semée (pfiou, téléportation !). Pour autant, le taxi ne s’appelle pas Christine et n’est donc pas doué d’une volonté propre. Son chauffeur finit d’ailleurs par en sortir pour mettre le grappin sur ses cibles. Son mutisme et sa casquette masquant les yeux préservent une part de mystère. Mais c’est là que s’arrête la finesse, puisque le monsieur est un monstre de violence (interprété par Jess Liaudin, champion de MMA). Les confrontations avec ceux qu’il croise se changent irrémédiablement en bains de sang assez jubilatoires (pour le spectateur, cela va sans dire) et parfaitement chorégraphiés. C’est bourrin, c’est généreux, on en redemande. L’expérience acquise lors des combats de Scorpion (2007) a porté ses fruits. Seul bémol : la surabondance de ralentis finit par lasser.


Pour donner un peu d’épaisseur au duo de protagonistes – aux personnalités opposées un brin exagérées, soyons francs –, Julien Seri a choisi de mettre en place un triangle amoureux avec une certaine Ludivine (Fanny Valette, vue dans La Traversée de Jérôme Corneau), finalement cantonnée au rôle de la demoiselle en détresse. En revanche, cette « compétition amoureuse » ajoute un peu de piment au jeu de survie mortel auquel participent les deux potes.


Enfin, Luc et Chris sont liés par un secret pas très glorieux. D’abord évoquée par flashs cryptiques, l’anecdote sinistre finit par se révéler totalement et c’est là que le scénario commence à décevoir : l’épisode en question est juste invraisemblable, ce qui est dommage car toute l’histoire du film se base dessus. Ce n’est pas tout. Night Fare s’achève sur un twist pour le moins osé qui, bien qu’assurément surprenant et original – autant sur le fond que sur la forme –, pose de gros soucis de cohérence. Difficile d’en dire plus sans spoiler mais, en clair, cela ne colle pas du tout avec le comportement préalable du chauffeur psychopathe. Il en découle une morale ambivalente qui peut être interprétée de façon problématique par le public… Alors forcément, cette conclusion boiteuse laisse dans la bouche un arrière-goût mitigé.


(http://www.dailymars.net/crazy-taxi-critique-de-night-fare-de-julien-seri/)

VaultBoy
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le 21 oct. 2015

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Arthur Bayon

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