Tout amateur de série B ne peut être que séduit par le "pitch" de ce "Night Fare" (et pourquoi pas "Tarif de Nuit", ça sonnait bien aussi, non ?) : un taxi tueur, ça a de bons relents de "Duel" ou de "Christine", non ? Ce n'est malheureusement pas la piste que suit Seri, dévoilant bien trop tôt que le conducteur est le vrai "monstre", une sorte de ninja invincible plus ridicule qu'effrayant,
avant de lui conférer dans un dernier retournement pas très ragoûtant le statut honorifique de "nettoyeur" de la lie de notre société (flics basanés ripous ou petits dealers tout aussi basanés de banlieue - on remarquera que le massacre de SDF par deux blancs de peau reste finalement impuni).
Cette conclusion aussi improbable - qui navigue du côté des théories conspirationnistes de Chattam - que politiquement nauséabonde mise à part, il faut aussi constater que, malheureusement, "Night Fare" ne fonctionne jamais au premier degré, la mise en scène clippesque et inutilement baroque de Seri déréalisant toutes les scènes qui pourraient être angoissantes, et le jeu à la limite du ridicule des deux acteurs principaux achevant de faire office de repoussoir. Reste UNE bonne idée, celui d'utiliser le paysage inhumain des zones de banlieue proche (La Défense, Guyancourt) comme décor urbain réellement anxiogène : un véritable metteur en scène aurait pu tirer de grandes scènes de ces couloirs abandonnés à la nuit et aux lumières orangées des lampadaires. "Tarif de Nuit", le vrai film de série B que la France attend, reste donc à faire. [Critique écrite en 2016]