Le réalisateur Park Hoon Jung a eu la chance d'œuvrer sur le scénario de J'ai rencontré le diable du souvent parfait Kim Jee Woon, et, avec un moindre résultat pour The injust de Ryoo Seung-wan, deux films coréens des années 2010 pour la période florissante du genre, mêlant au divertissement les thèmes sociétaux.
D'un premier plus radical au second plus dilué dans leurs intrigues, Night in Paradise est un léger condensé des deux, oscillant entre drame et thriller. Sans lorgner pour autant vers l'ami Takashi Miike, qui excelle dans le gore et les coups portés à répétition, on retrouve cette propension à la violence à l'instar de sa belle réussite qu'est New world, plus soft et plus contenue, d'une violence psychologique plus remarquable, et le cinéaste s'en tire avec moins d'aisance.
Si Choi Min sink servait l'attrait du film, l'excellent Hwang Jung Min et Lee Jung Jae apportaient la plus value indéniable, à la paranoïa si bien retranscrite, tout en geste et regards et à l'économie de mot si appréciable dans ce cinéma.
Night in Paradise malgré une belle introduction qui pose parfaitement tous les rouages à venir, la gestion de la perte et des traumatismes, la maladie et sa place au monde, dérive lentement vers la romance avortée. Deux personnages en marge liés par la mort et la dépression laissant de côté les autres protagonistes comme éléments de figuration. Tae-goo Um (the Age of shadows), pour le héros en chute libre qui s'éloignera des personnages plus ancrés dans leur monde, plus jeune et dépassé par la hargne de ses adversaires, mais toujours en mode interrogatif assez gênant et la très pénible Jeon Yeo-Bin, font office de parents pauvres.
Retournements, manipulations, bataille de succession entre yakuzas, trahison et corruption policière évidemment, la mise en scène apporte un curieux effet de redite.
On évite pas non plus les caractérisations poussives des gangsters, le violent (Cha Seung-won) et le fourbe (Park Ho-San), deux acteurs rappelant ostensiblement à Lee Jung-jae et Kim Yeong-cheol, sans en avoir la présence.
On est donc bien loin de tout ce qui fait le sel de ces melting pots inspirés, notamment les scènes d'humour jubilatoires propres au genre à l'instar de la scène des vendeurs d'armes de l'excellent A Bettersweet Life, qui apportaient la reprise de souffle nécessaire. Et si on retrouve deux scènes de batailles en milieu confiné, toujours attendues comme cerise sur le gâteau, le parking de New world, et le couloir de Old Boy, l'art et la manière fait office de copier coller, bien peu inspiré, rapide et moins efficace, voire illisible. On notera aussi la scène du guet-apens, à la limite du supportable. Non pas pour ses actes de violence mais pour le sentiment de gratuité qui en découle et une scène qui s'étire en longueur bien maladroitement aux blagues totalement décalées avec la situation.
Si le métrage ne brille pas par ses personnages, son intrigue bancale, ses scènes violentes accessoires, et ses dialogues limités, reste que le cinéaste à des atouts et propose quelques scènes d'actions bien menées, ou de violence au féminin bien jouissives. Le style classieux, des beaux décors de bord de mer et d'isolement, les belles teintes bleutées, froides et bien sûr pluvieuses, conférant au drame le sentiment d'enfermement, les moments de calme, teintés de poésie et de mélancolie, et une bande son discrète et choisie. Pour le genre si calibré et souvent attendu, on ne va pas bouder pour autant. Les adeptes du genre frôleront la déception immanquablement, mais l'ambiance délétère et un final définitivement dépressif, confère au drame un fatalisme de ce que l'on peut attendre de cette violence des échanges.