Ce que j'apprécie chez Kelly Reichardt, c'est sa manière de s'approprier un sujet et de le sublimer de manière maximale avec un minimum de moyens à sa disposition.
C'est ce qui ressortait de ses précédents films et c'est ce que l'on retrouve encore ici.

Le sujet qu'elle choisit de traiter ne pouvait que m'intéresser !
L'écologie, la manière de la vivre au quotidien à grande et petite échelle (celle d'un état et celle de l'individu) et les extrêmismes que toute conviction profonde peut entrainer inévitablement.

Elle s'attaque pour changer au film noir, au film à suspense.
Non pas un film noir des années 40, de ceux qui ont fait l'âge d'or hollywoodien, mais un film moderne avec des préoccupations du XXIème siècle et des personnages de notre temps.

Elle situe l'action de son film dans un univers somptueux, à savoir les paysages enchanteurs de l'Orégon. Elle construit ses personnages en les faisant travailler dans un ferme bio de cet état du coeur de l'Amérique.
A priori nous sommes donc en bonne compagnie, des gens bien, en accord avec la nature et leurs principes, qui agissent et ne se contentent pas de mots.

Sauf que...

Comme dans tous les films de la réalisatrice la Nature (la forêt, l'Ouest sauvage ou les routes vers le Canada) est un personnage à part entière qui a son âme propre et que personne même pas un scénario bien écrit, ne contrôle.

Sans apporter ni jugement ni solution miracle la cinéaste nous pose l'éternelle question : "Est-ce que la fin justifie les moyens ?". Une noble cause, aussi primordiale permet-elle à ses défenseurs de commettre les actes les plus répréhensibles en son nom ?

Le film, primé au festival de Deauville pourrait être qualifié de bipolaire tant sa structure est binaire.
Toute la première partie montre l'inéluctabilité du destin des trois personnages qui se lient pour accomplir un acte dont la nature s'éclaircit petit à petit et apparait au spectateur attentif par petites bribes de conversations.

La suite, l'"après" est bien plus complexe et passionnante à déchiffrer.
Comment vivre ? Que faire pour accepter ?
Chacun dans son coin, Dena, Josh et Harmon vont devoir composer.
D'ailleurs, j'ai été très agréablement surprise par l'aînée des soeurs Fanning qui s'en sort merveilleusement dans ce rôle de bourgeoise en rébellion.

Ce qui peut surprendre dans ce métrage se situe dans le montage.
Il suit les réflexions des personnages en étirant une scène au delà des besoins comme pour montrer les hésitations ou le manque de réaction (comme souligné au début lors de la vison du documentaire.) ou au contraire montre la précipitation en interrompant une scène qui ne semble pas avoir dit son dernier mot.

Un film qui n'a pas eu sa chance mais qui mérite franchement une meilleure reconnaissance.
!un film sur la culpabilité, la paranoïa et les conséquences des actes commis.
Réfléchir aux conséquences avant d'agir.
Rawi
7
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le 7 déc. 2014

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Rawi

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