Ne t'etonnes pas si ça devient un peu sanglant

• T'as vraiment un grain toi !


• Tu sais Benny, difficile de vivre 200 ans sur Terre sans devenir un chouïa ça. 

Si tu fais un truc débile du genre essayer de t'enfuir, je serai bien obligé de te tuer

Night Teeth réalisé par Adam Randall et écrit par Brent Dillon, est un thriller vampirique produit par Netflix plutôt prometteur qui présente un angle d'approche intrigant autour de la mythologie des créatures de la nuit. Une histoire qui prend place à Los Angeles où un pacte secret a été scellé entre les chasseurs de Boyle Heights et les vampires, il y a 100 ans. Une trêve articulée autour de trois règles fondamentales :
- Règle numéro 1, ne pas révéler l'existance des vampires aux humains.
- Règle numéro 2, se nourrir que des consentents.
- Règle numéro 3, ne jamais entrez dans Boyle Heights sans autorisation.
En échange de quoi, la paix demeure avec cinq seigneurs vampires qui dans l'ombre dirige la ville, sous le joug de Boyle Heights en tant que gardien de la trêve. Un armistice auquel veut mettre un terme "Victor" (Alfie Allen), un suceur de sang ambitieux qui rompt le pacte en enfreignant toutes les règles lorsqu’il kidnappe Maria (Ash Santos), la petite amie de Jay (Raul Castillo), chef de Boyle Heights. Après quoi, Victor envisage de tuer en une nuit les cinq chefs des clans de vampires pour se retrouver seul à la tête de la ville pour mieux revenir au temps de la terreur, avant l’instauration de la trêve. C'est là que prend place Benny (Jorge Lendebourge Jr.), étudiant qui pour se faire un peu d'argent s'improvise chauffeur de taxi pour une nuit, qui va s'avérer être un enfer pour le jeune homme qui va mettre les pieds dans un univers inconnu. Une tournée funèbre où il va devoir desservir différentes destinations pour ces deux clientes "Blaire" (Debby Ryan) et "Zoe" (Lucy Fry), deux "puissantes" vampires, qui sous la direction de Victor ont pour mission d'éliminer les chefs vampires.

 
Un récit sur le papier ambitieux dans lequel l'on découvre le monde caché des vampires de Los Angeles par le biais d'une histoire qui s'articule autour de trois personnages principaux (Benny, Blaire et Zoe) intéressant. Un développement dramatique globalement réussi qui fait sens en favorisant divers niveaux d'attachement à mesure que les cadavres de vampire s'empilent pour notre trio lancé dans une quête punitive qui sème le chaos dans la ville, et à laquelle Benny tente de survivre au côté de deux prédatrices assoiffées qui ne lui veulent pas que du bien. Une quête initiatique de passage à l’âge adulte pour Benny concentré autour d'un scénario relativement prévisible mais divertissant avec quelques virevoltes appréciables. Une résultante rarement gore offrant quelques scènes macabres et sanglantes amusantes avec certains humains désireux d'être des béni-oui-oui pour les vampires en s'offrant volontairement à eux, attachés à des tables, pour se faire mordre et en tirer du plaisir derrière. Les vampires n'ont rien de bien incroyable même si notre duo vedette de buveuse de sang est plutôt cool. Les dialogues prennent beaucoup de place optimisant une construction émotionnellement chargée en mouvance au prix du rythme qui par moments en pâtir.

Le monde entier a changé. Tout le monde va devoir choisir son camp.

Les scènes d'action manquent de mordant, de dynamisme et d'aspiration. Rarement percutants, les combats sont étonnamment banals avec une caméra qui se détourne beaucoup trop des massacres perpétrés par Blaire et Zoe. Si bien, qu'on est étonné de constater avec quelle facilité déconcertante les deux vampires parviennent à éliminer les cinq seigneurs ainsi que leur garde. Sont-elles si puissantes, et dans ce cas pourquoi ? Est-ce si facile d'éliminer des seigneurs vampires, et dans ce cas comment ont-ils pu rester au pouvoir durant tant de temps ? Des questions qui resteront sans réponses. Les confrontations contre la Légion de la nuit sont les seules à être véritablement engageantes. La cinématographie est de premier ordre. Un travail de réalisation soignée offrant un jeu de couleurs atmosphériques sur un cadrage ingénieux favorisant de belles prises de vue de superbes décors avec des ralentis convaincants. Une technicité inattendue jonchée d'idées de conceptions attrayantes avec une approche graphique qui durant la scène d'ouverture et de conclusion rend hommage au monde du comics. Une valeur technique favorable ajoutant de la saveur au divertissement qui se paye une composition musicale pop électronique à la hauteur, signée : Sofia Hultquist et Ian Hultquist. De nombreuses chansons venant d'artistes musicaux célèbres comme Cokah, Saweetie, Tkay Maidza... agrémentent le périple.

Jorge Lendebourge Jr. en tant que Benny offre une performance attachante autour de ce personnage drôle, doux, innocent et inexpérimenté qui va connaître un développement conséquent à mesure que l'intrigue avance. Son frère, Jay par Raúl Castillo, en tant que chasseur de vampires et chef de Boyle Heights est son parfait contraire, il amène une conduite nerveuse bienvenue qui s'accorde bien avec l'aspect contemplatif de Benny. L'antagoniste principal, Victor par Alfie Allen manque clairement de charisme et de développement malgré une proposition perfide qui fonctionne bien. Son repaire a de la gueule avec son garde-manger sous verre. La dualité qui l'oppose à Jay est sympa bien que cela aurait mérité un développement plus poussé surtout que l'on constate (pour celui qui est très attentif) qu'il possède un tatouage étrangement similaire au sien sous-entendant "possiblement" qu'il serait un ancien chasseur de vampires, ce qui expliquerait sa puissance et par là même le niveau de Blaire et Zoe qu'il aurait entraîné. Beaucoup de si, et aucune précision. La petite apparition de Megan Fox en tant que Grace, chef vampire aux côtés de la comédienne Sydney Sweeney en tant qu’Eva entraîne un instant délectable qui aussitôt va être jeté à la poubelle en tant que victime de Victor. Constat quasi similaire pour Alexander Ludwig pour Rocko. Zoe par Lucy Fry et Blaire par Debby Ryan incarnent royalement des vampires avides de sang liés l'une à l'autre par un sens amical crédible que la relation amoureuse entre Blaire et Benny va venir menacer. Une histoire d'amour certainement trop envahissante qui a le mérite de fonctionner. Mention d'honneur à Lucy Fry qui est une prédatrice formidable qui enchaîne les gimmicks vampiriques avec originalité.

CONCLUSION :

Night Teeth réalisé par Adam Randall est une production Netflix sympathique avant tout adressé aux amateurs de vampires qui pourront apprécier un récit mythologique prometteur, toute proportion gardée. Une histoire divertissante pour un trio de personnages savoureux articulé autour d'un film en manque de finition à tous les niveaux, si ce n'est la réalisation.

À défaut de passer un moment mémorable, on passe un instant appréciable devant un petit film qui avait le potentiel pour être bien plus que cela.

À ton avis, qui contrôle la ville? On est plus riches et plus puissants que vous ne l'imaginez. On vie là juste sous votre nez.