Night Terrors, ou comment faire un film sur le marquis de Sade sans l'avoir lu, ou plus exactement, comment faire un film sur une interprétation délibérément aguicheuse de l'œuvre d'un écrivain à des fins purement commerciales.
"Aguicheuse" car il s'agit moins d'un processus standard de glamourisation littéraire que d'une arnaque au consommateur. Vous ne comprendrez rien de Sade, et je crois qu'au fond, il n'y a rien à comprendre.
Car ici, l'esprit Cannon¹ a frappé via la société Globus de l'un des deux comparses, Yoram Globus. Passée la première scène, au charme délicieusement gothique — Robert Englund qui prend son pied avec un fouet avant de se faire éborgner, une image gravée dans mon imaginaire d'enfance — le film ne raconte rien de vraiment cohérent. Quelques éléments sont mis en avant et juxtaposés : la religiosité extrême du père de l'héroïne, William Finlay, en contraste avec le monde envoûtant de Sabina, jouée par la mystérieuse Alona Kimhi. Les morales judéo-chrétienne s'effacent progressivement devant l'orientalisme d'Alexandrie, avec un Juliano Mer Khamis chevauchant nu tel Adam.
Quant à Sade et son descendant, interprété par Robert Englund, il est toujours présenté comme un psychopathe charismatique, maquillant ses intentions par les fameux préceptes de son aïeul : assumer d'abord ses plaisirs sadiques et meurtriers, puis les justifier par une volonté de puissance, bien loin du Sade tant fantasmé. Le tout se termine en apothéose avec une fin rappelant l'écriture paresseuse des mauvaises bis italiens.
Je ne dirais pas que Robert Englund s'en sort avec tous les honneurs pour sa prestation, bien qu'elle ne manque pas de familiarité. Quant à Hopper, à mes yeux, il a perdu un peu de son éclat.
¹La Cannon Group est une société américaine de production de films rachetée en 1979 par deux producteurs d'origine israélienne, Menahem Golan et Yoram Globus.