Que fait un réal comme Guillermo Del Toro, après avoir longuement galéré à concilier critiques et public (américain + précisément) autour de son panthéon de monstres et de fantômes, avant d'y parvenir avec La forme de l'eau ?
J'avais qualifié ce dernier de "1er film du reste de sa vie" et Guillermo ne me fait pas mentir. Il ose ici se réinventer, en mêlant habilement ses obsessions de toujours (d'une manière très différente) à des codes du film noir (en les traitant également à sa manière).
En résulte un film à la fois très différent et pourtant très proche de ses prédécesseurs
(on ne peut voir le personnage de Rooney Mara dans le jardin sans penser à Crimson Peak)
C'est un film sans monstre ni fantôme mais pourtant
un Del Toro pur jus !
Son choix (audacieux) de le scinder en 2 entités très distinctes, avec des ambiances radicalement différentes et qui forment pourtant un tout cohérent, est payant.
Une grande première également pour lui est son casting étoilé : Bradley Cooper, Cate Blanchette, Rooney Mara, Toni Colette (ce trio de femmes, sérieux ! :o), Willem Dafoe, Richard Jenkins, évidemment Ron Perlman... Le moindre second rôle (voir même des personnes qu'on aperçoit que 2 fois et de profil, coucou David Hewlett) est incarné par des acteurs connus.
Pour toutes les qualités énumérées jusque là, le film est déjà très bon. Mais si on commence à se pencher plus précisément sur le personnage de Bradley Cooper, ses doutes, son rapport à son art, à son public... Une fois qu'on se pose ces questions et qu'on les met en parallèle avec la carrière de Del Toro que je posais en préambule, il ne fait plus aucun doute que Stanton Carlisle EST Guillermo Del Toro. Et le film gagne alors un 2e niveau de lecture assez dingue et qui me donne déjà envie de le revoir.
Malheureusement, le film est en train de se planter au box-office. Mais advienne que pourra : si ce devait être là le dernier film de Del toro (ce qu'il n'est pas), ce serait une belle sortie...