Dans ce remake d’un film noir ( Le Charlatan de 1947) adapté d’un roman de William Lindsay, Del Toro quitte le fantastique pour le film noir où l’on retrouve tous les ingrédients : la fatalité autour d'un axe central qui est la causalité (consciente et inconsciente). En effet, les événements du film se lient entre eux vers une fin prévisible. La trahison, la noirceur d’une femme fatale et d’un héros criminel dont les actes passés construisent eux-mêmes sa destinée et sa chute. La théorie freudienne (un peu schématique) se mêle d’'existentialisme avec un rapport au monde montrant l'absurdité de l'existence. Le cynisme du monde où l’homme peut révéler sa noirceur et se détruire lui-même. Néanmoins, la plongée dans le monde de la fête foraine et de ses monstres renoue avec l’atmosphère baroque que l’on connaît chez Del Toro avec ses freaks, ses monstres inventés, et ses illusions visuelles, des illusions « suggérées » Ici, ce sont des illusions, des mirages dans lesquels le héros se perd lui-même. Les monstres qui sont comme des révélateurs de la société et qui ne sont pas toujours ceux que l’on juge sur l’apparence. Ils nous apprennent ce que nous ne voulons pas voir. Le monstre se trouve à la fois dans la réalité et le fantasme, les comportements malveillants ou amoraux…) L’esprit humain s’y nourrit de multiples façons. De l’illusion aux faux semblants, de l’ascension à la chute, Del Toro explore les ténèbres de l’âme humaine. Psychanalyse d’une destinée.