Nikita ! Aux pieds, aux ordres !
Le premier Nikita que j'ai connu était un chien sympathique, grincheux et affectueux. Le second était un jeune excentrique attentionné et dont l'humour ne volait pas très haut. Le troisième devait être un des meilleurs films de Besson, un film que j'attendais noir, presque post-apocalyptique, dans des ruelles sombres et russes où on crachait par terre après avoir bu une rasade d'un alcool de patate.
Et en fait on tombe sur autre chose. Ça se passe en France et malgré ça on peut espérer que tout va bien se passer en voyant se balader ces quelques junkies sauvages à la recherche d'un temporaire soulagement à leurs besoins médicamenteux. Or le bon pharmacien dont la boutique est saccagée appelle la police et sans doute le bureau des incohérences moches puisque on se retrouve alors devant une scène qui fait couler quelques litres de sang d'un coté de l'écran et quelques larmes de l'autre : introduction qui comme le reste du film va osciller donc entre bonnes idées et mauvaise réalisation, partagé entre excellentes fulgurances et pathétiques "trouvailles".
On suit donc la seule rescapée du groupe de junkie qui s'est contentée de survivre et tuer un flic qui s'est fait prendre par surprise. On bâcle son procès, on hurle "ENCULÉS !!!" plusieurs fois puis on lui dit qu'elle va travailler pour l'État français.
Si vous n'avez pas réagi face à ce pitch par une contraction musculaire qui va du haussement de sourcils à la tétanie totale par sur-contraction de l'ensemble des membres, je sais désormais que vous avez subi un choc récemment/que vous lisez cette critique entre 4h et 5h du matin/que vous avez la gueule de bois/que vous venez de voir Pirates des Caraïbes 4/on vient de vous faire une ablation cervicale et vous avez donc le QI et niveau de réaction d'une poule tétraplégique.
Le film en lui-même se construira sur deux parties dans la suite : l'entrainement en lui-même puis la libération/déconnade qui par la suite va sortir du cadavre en décomposition de la première partie tel un fluide corporel graisseux.
Nikita est une marionette, un pantin de bois. Elle n'a pas de passé, tout ce qu'on fera d'elle sera le fruit d'une construction, d'un entrainement. Peu à peu le bois jusqu'à alors brute sera poncé, vernis puis orné de couleurs. Mais Nikita reste une marionnette, juste une jolie marionnette. Une marionnette qui a donc du mal à grandir, qui sort de nulle part et n'a donc pas eu de vie, pas d'enfance, pas d'adolescence. En cela c'est un personnage intéressant mais qui manque de crédibilité, de consistance du fait de son instabilité. Anne Parillaud est tour à tour impressionnante et pathétique.
En seconde partie, comme le dit son sombre instructeur, elle joue à la grenouille, saute dans la boue "J'ai glissé". Toujours aussi immature et donc légèrement irritante (surtout sa voix quand elle se lamente face à Victor où on pourrait presque croire que c'est du doublage), elle ne trouve rien de mieux à faire que de rester cruche, de se fiancer au premier caissier de supermarché venu, la vie d'un spectateur est dure.
*Nouvelle crispation faciale !*
Heureusement comme je l'ai déjà dit, les acteurs ne s'en sortent généralement pas mal, si ce n'est quelques petits instants un peu faux. La bo n'est pas toujours à mon goût, mais ça passe pas toujours trop mal non plus.
Ce dernier face à face clôt enfin ce film où il ne sera finalement pas passé beaucoup de choses, je préférais le chien ...