Nimona est un film très important, car il aborde trois grands thèmes indissociables : les discriminations, le rapport aux traditions, et la dualité bien/mal. Étant indissociables, il me faut les aborder tous ensemble, donc accrochez-vous.
Ambrosius est un chevalier noble et homosexuel, et Ballister est un chevalier issu du peuple (le premier) et homosexuel. Dès la première scène, on est face à de l'homophobie et du mépris de classe. Nimona est une créature métamorphe possiblement non-binaire et clairement lesbienne, elle est décrite comme "le Monstre", et à travers la directrice on a l'éternel combat de lutte contre tout ce qui est différent. Éternel, car dans ce film comme en vrai, c'est une lutte qui remonte à des siècles, sous couvert des traditions religieuses, de l'éducation, de ce que la société a toujours été, etc. On part du principe que ce qui est différent est mauvais, et ce qui est normé et qui le combat est bon. C'est classique, c'est comme ça, on est en plein dedans.
Mais que se passe-t-il quand on se pose d'autres questions, comme : faire le mal au nom du bien est-il toujours le bien ? les monstres sont-ils néfastes ou résultent-ils de maltraitances et de rejets ? peut-on voir du bon en eux, peut-on pardonner ? qui est vraiment le monstre de l'histoire, qui est vraiment lea héro-ïne ici ?
On est en présence de quatre archétypes bien distincts : celle qui fait le mal au nom du bien, celui qui croit faire le bien au nom d'une autorité qu'il estime comme bonne mais qui du coup fait un peu le mal, celui qui fait le bien mais tout le monde perçoit qu'il fait le mal parce qu'il a fait le mal à son insu une fois, et celle qui fait simplement ce qui est bon pour elle parce qu'elle est seule puis qui fait le bien pour ceux qui lui en font aussi.
Le bien et le mal sont des notions relatives, et dans cette histoire il est clair que ce n'est pas ça qui compte, mais bien la vérité et la justice. Être bon n'a de valeur que si on est honnête et juste, être mauvais n'est le cas que quand on a l'intention d'être mensonger et injuste.
Dans ce film, en plus de l'émancipation de toute personne qui désire clamer son identité au grand jour, on peut y lire une profonde réflexion sur une grande question contemporaine : la justice que l'on applique entre les un-es et les autres. Ce film demande qui a le droit de statuer sur la valeur, sur la bonté, sur l'existence de quelqu'un d'autre. Ce film forme un rempart autant face aux discriminations que face à la cancel culture. Ce film montre que l'empathie et le pardon sont plus efficaces que la haine et l'exclusion.
Ce film est nécessaire.