Nimona
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Nimona

Long-métrage d'animation de Nick Bruno et Troy Quane (2023)

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Petite critique à tiède (vu la veille), pas juste pour descendre, mais essayer d'exprimer et comprendre pourquoi ce film, à mes yeux, est très bancal (voir mauvais) en terme de narration (j'annonce la couleur). [contient du spoil]

Je passerai la technique, très cool, sobre, la DA SF médiéval est très cool et amène des bonnes situations / gags.

A mes yeux, Bal est très bien. Jouer avec les codes de celui qui a réussi par la force de ses mains face à celui qui a tout eu dans un plat tout chaud, mais qui en fait ne sont pas ennemis (comme on pourrait l'imaginer).

Mais, au bout de 15minutes, je me suis dit que je trouvais Nimona totalement insupportable, et je me suis sincèrement demandé pourquoi.

C'est quoi ce nouvel archétype d'héroïne post-Covid? Je-sais-tout, désinvolte et cynique? (mais qu'au fond elle a un cœur blessé donc c'est pardonné, tsé.) On retrouve ça de plus en plus, de She-Hulk à Doctor Who, Rings of Power ou Batgirl. Elle a eu un trauma, et boom, ça excuse toute sa vilenie et condescendance.

Pour comprendre pourquoi je trouvais ça mauvais, il y a deux moments, quoique parfois clichés, qui sont importants dans le parcours du héros, qu'on a pas ici. De un, montrer que le perso principal a un bon fond, qlq chose qui nous rend empathique, un "save the cat". Ce n'est absolument jamais le cas ici. Elle sauve Bal par pur égoïsme (elle se voit en lui), elle tue des dizaines de soldats parce que c'est fun (et elle les tue vraiment hein, ils tombent de 20 étages, elle les empale, les brûle, etc.), elle traumatise, et prend du vrai plaisir à le faire, n'importe quel mec (bien sûr) qu'elle croise, dès que le héros lui pose une question, elle le prend de haut parce que ses questions seraient idiotes. Elle a "aucun" défaut. Jamais elle est face à un vrai obstacle (même prise dans un filet électrique).

Deuxième point, le héros apprend quelque chose au cours de son périple. Sa vision du monde est faussée mais quelque chose l'éclaire. Pareil, ce n'est jamais le cas. Pire, c'est les autres qui doivent changer, et s'adapter à elle. Et c'est là qu'on touche un point essentiel à mes yeux.

Pour avoir déjà connu des "pervers narcissiques", j'ai remarqué les mêmes traits: tout est la faute des autres, il/elle fait toujours le mieux. Les autres sont bêtes. Et surtout, sa vision (ou vérité dirait un psy) vaut autant voir (souvent) plus que celle des autres.

Et c'est exactement le cas ici.

Un point clef étant sa tentative du suicide. Si, vraiment, c'était ce qu'elle voulait, elle se cacherait. Là, elle veut que tlm la voit. Quitte à tuer (encore une fois) des centaines de vies, qui sont insignifiantes bien sûr).

Je me suis alors demandé qui était la personne derrière cette œuvre. Bah c'est Nimona elle-même, enfin N.D. Stevenson qui, déjà physiquement lui ressemble de ouf (les narcissiques peuvent pas s'identifier à autre chose qu'eux-mêmes soit dit-en passant), mais a voulu parlé d'identité de genre (no shit) à travers cette œuvre. Mais, ce n'est pas en faisant quelqu'un d'irascible que tu vas prêcher ta paroisse (oui, le film est très "preachy"). Ce film est un pur égo-trip de A à Z. J'en veux pour preuve la transformation finale (la dernière), et Ballistair qui est obligé de faire une éloge d'elle alors que pendant une heure on la voit le traiter comme une m*rde.

Pour donner quelques exemples d'œuvres qui peuvent s'y approcher mais qui traite super bien de thèmes similaires, pour appuyer mon point de vue:

-Dans Shrek, le personnage principal est un ogre, méchant parce que tout le monde dit qu'il est méchant. MAIS il ne fait jamais de mal à personne (au mieux il leur fait peur, ou se défend dans une arène), et surtout il apprend que c'est à lui d'arrêter de voir le monstre en lui pour aller de l'avant. Son isolement chamboulé par l'arrivée d'une floppée de créatures et surtout l'amour qui lui semble impossible sont ce qui le fera changer, et ainsi, faire changer les autres autour de lui.

-Ian McKellen disait qu'il avait accepté le rôle de Magneto dans X-men parce qu'il y voyait un parallèle avec les homos. Et il a sûrement raison. Une scène clef implique les parents de Iceberg lui demandant "s'il a essayé de ne pas l'être (mutant)", phrase un peu rétrograde de gens qui ne comprennent pas. Une scène de 2minutes qui suffit amplement pour comprendre la dynamique entre certains mutants/non-mutants. Mais Iceberg, il est cool, attachant, sauve des vies. C'est pas un c*n qui prend Raven pour une crotte à chaque réplique.

-Je cherchais un film sur le sacrifice, mais je me suis rendu compte qu'ici, de toute façon, elle se sacrifie pas pour les autres, mais pour elle-même "il est temps de réécrire l'histoire" (sous-texte: vous allez voir comment je suis vertueuse).

Bref, je suis sincèrement très étonné de voir que le film a autant de succès. Les thèmes abordés sont forts, intéressants, certes, mais les montrer du point de vue d'une narcisse me semble étrange, et je serai sincèrement curieux de comprendre pourquoi des gens ont aimé ce personnage.

Je finirai par quelque chose auquel je crois sincèrement: "Si tu penses que le monde est contre toi, c'est que tu es contre le monde." Et c'est sûrement pour ça que je ne parviens pas à voir en quoi nous avons là une histoire touchante et sensible.

monsieurKC
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le 14 sept. 2023

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