Jean Boyer tourne généralement des navets. Ce mauvais film qu'est "Nina" ne lui est que partiellement imputable. La pièce de théatre d'André Roussin que Boyer filme dans l'appartement bourgeois d'un homme à femmes (J.Poiret) est du mauvais théatre, du vaudeville, bourgeois précisément, avec ses moments très bêtes.
Roussin visite le triangle classique mari-femme-amant, le triture plus qu'il ne le réinvente, et n'en fait pas grand'chose de bon. Les situations ne produisent aucune dynamique comique, les textes ne sont pas amusants, et si l'auteur évoquent nécessairement les rapports conjugaux et extraconjugaux, par la voix de l'épouse infidèle Nina (Sophie Desmarets), on y cherchera vainement des bons mots à la façon de Sacha Guitry par exemple. L'actrice est d'ailleurs la moins convaincante du trio (le mari étant joué par Michel Serrault), sans qu'on sache vraiment si c'est par manque de tempérament comique ou si c'est le personnage de Nina, femme de caractère sans aucun charme, faisant de l'esprit sans drôlerie, qui en est la cause. Quant au principe qui veut que le mari jaloux fasse ami-ami avec l'amant, ça n'est pas fait pour surprendre. En tout cas, ça situe l'ambition et le niveau de la pièce.