Ok c'est d'la merde, t'en fais pas, on est d'accord là dessus, mais au fond, c'est pas tellement plus de la merde que tous les reboots de remakes déjà rebootés d'autres films de types multicolorés.
Je parle évidemment des films de super-types bien bankables qui sont d'ailleurs aujourd'hui davantage de longs épisodes de séries conçus pour rappeler aux fans lobotomisés que la salle sera encore ouverte et accueillante l'année d'après, avec ses sièges bien gras de pop-corn et encore tout humides de Coca. Des films qui se font gage de qualité parce qu'estampillés Marvel ou DC, ça s'attaque moins facilement qu'une production Michael Bay réalisée par le géniteur de La Colère des Titans...
Ok, les bestiaux sont complètement ratés, et même le rat, peu aperçu dans la bande annonce et en qui je plaçais mes ultimes espoirs, se tape une gueule d'alien de la fin du 20ème siècle, tout droit sorti d'une Menace Fantôme. Ok Megan Fox n'est pas une actrice. Ok on a droit à un humour très limité confinant à la crème du lourdingue. MAIS BORDEL, en quoi est-ce si différent des autres Ultimate Spider-Hulk vs Batman 12 Origins Based on True Events ? Honnêtement, on s'emmerde pas dans ce machin. Mis à part les faciès numériques dégueulasses des Tortanks, on a quand même le droit à plein de petits trucs sympathiques qui peuvent, le temps d'un métrage, assouvir l'attente d'un fan qui n'a pas eu grand chose au ciné depuis 1990...
Ce fan qui a sa conception bien à lui du film de super héros. Sa conception bien bisseuse, bien dégoulinante. Le film qui doit (selon lui) s'assumer comme complètement con. Le film qui doit rester dans le jonglage entre défoule honnête et second degré conscient de lui même. Ok ok, on a rien de très perspicace ici, mais quelque part, on peut, avec un minimum d'attention, y trouver un soupçon d'embryon de tout ça. Ninja Turtles est multi-référencé, à outrance même pour beaucoup, mais faut pas oublier que c'est à la base un comics qui est né sous une plume parodique. C'est donc justice de placer les reptiles dans un monde qui peut ouvertement faire référence aux fers de lance du monde de la BD américaine, et surtout aujourd'hui, là où elle n'a jamais pris autant de place, envahissant tous les supports.
Alors si on arrête 5 minutes de prendre toute cette mélasse numérique pour un punching-ball, on a Raph qui imite Batman, un Shredder couteau suisse, Splinter qui déboulonne une bonne partie du Clan des Foot à lui tout seul (on attendait ça depuis un bail), un face à face bien punchy entre un rat et un mecha-samouraï dans un espèce de Soul Calibur live, quelques autres scènes bien bourrines, un cri de guerre mythique et un final qui ressemble à tous les autres finals de films de super héros avec plein de "POUUUWWW" mais qui fait son job. Et ça passe bien. Voilà. Putain.
PAR CONTRE, mis à part les designs douteux des quatre chevaliers d'écailles et de vinyle, le vrai problème reste de les avoir affublés de tout un tas de bibelots liés à leurs personnalités. C'est inutile et totalement hors sujet. Déjà qu'on essaie de se consoler, nous adultes des 80's, de ne pas avoir droit à notre vrai film sur les tortues, avec son arrière plan New-Yorkais sombre comme il devrait l'être, son humour noir et ses penchants visqueux et violents libérés et rieurs, alors nous rappeler qu'on essaie d'ameuter les marmots en mettant en scène des gros jouets, c'est énervant. Les tortues se distinguent par un caractère qui se doit d'être (suffisamment) "bien" écrit et par leurs couleurs de bandeaux (à la base, elles avaient quatre bandeaux rouges). Pas la peine d'ajouter des colliers en masses ou des paravents-paillasses ridicules... C'est naze et ça dénature une certaine simplicité naturelle qui faisait une partie de la saveur unique du matériau d'origine. Mais il faut se rendre à l'évidence, ce que sont les tortues, c'est loin maintenant. M'enfin il reste toujours le très bon comics actuel et Turtles Forever pour avoir un pâle souvenir du délire originel de Kevin Eastman et Peter Laird.