Hollywood qui porte une nouvelle fois les mythiques Tortues Ninja sur grand écran avec les moyens actuels ? Pourquoi pas ! Michael Bay, réalisateur d’Armageddon et des Transformers, à la production ? On commence à grincer des dents. Le réalisateur en charge du projet est Jonathan Liebesman (Massacre à la Tronçonneuse : le Commencement, World Invasion : Battle Los Angeles, La Colère des Titans) ? Aïe ! Megan Fox en tête d’affiche ? Ouille ouille ouille… Et enfin, un lot de rumeurs plutôt flippantes comme quoi les fameuses Tortues seraient d’origine extra-terrestre ? Blasphème ! Autant dire qu’au fur et à mesure que le film s’est dévoilé, la peur de voir débarquer dans les salles un produit qui pouvait, sans aucune difficulté, violer notre enfance était de plus en plus forte. Qu’en est-il au final ?

La première chose que tout le monde se demandait avant que les premières images n’apparaissent sur le net était l’apparence même des Tortues. Réalisées en motion capture, à la manière des Na’vis d’Avatar et des macaques des deux derniers opus de La Planète des Singes, on ne savait pas trop à quoi s’attendre (un nouveau look ? la même apparence que pour le dessin animé ?). Et c’est là que les premières critiques (assassines) du film sont tombées, reprochant pour la plupart le côté mastodonte et patapouf de nos quatre héros. Mais les Japonais n’avaient-ils pas rejeté le Godzilla de 2014, alors que celui-ci avait fière allure ? Eh bien, c’est la même chose pour nos Tortues ! D’accord, beaucoup pesteront contre certains détails qui peuvent démolir l’image qu’ils avaient d’elles (comme l’intello du groupe, Donatello, qui porte des lunettes). Mais elles sont plutôt fidèles au différentes versions que nous connaissons : chacune a sa propre personnalité, un peu clichée mais amusante (Leonardo le leader, Raphaël le dur à cuire, Donatello l’intello et Michelangelo le gamin), et respectueuse envers leur maître Splinter (un rat d’une incroyable sagesse). Mettez dans leurs mains leurs armes respectives, laissez-les se chamailler entre elles et effectuer des pirouettes lors de combats mouvementés, et les Tortues (et Splinter) prennent vie sous nos yeux de manière convaincante. De quoi assurer le fan service ne serait-ce qu’un minimum !

Ensuite, nous avons affaire à un film sur les Tortues Ninja, qui plus est produit par Michael Bay (d’ailleurs, on a vraiment l’impression que le film soit de lui !). D’office, il y a marqué « divertissement fun qui ne se prend nullement au sérieux » sur le projet ! Et c’est exactement ce qu’est Ninja Turtles : un produit purement hollywoodien qui ne perd pas de temps à établir de la psychologie à deux balles pour aller directement à l’essentiel et amuser le spectateur par de l’action et de l’humour ici et là. Résultat : on s’en amuse, même si l’humour typique de Michael Bay ne convient pas toujours à celui des Tortues Ninja (la scène de l’ascenseur est un véritable flop). Qui va même jusqu’aux évitables allusions cochonnes et au caca prout lourdingue que l’on aurait aimés ne pas avoir (vous verrez qu’un simple petit pet peu vous faire soupirer).

Malheureusement, Ninja Turtles n’est pas un blockbuster à la Transformers, à savoir déjanté voire too much niveau débilité mais jouissif et maîtrisé sur bien des niveaux. Ici, ne passons pas par quatre chemins : c’est loupé ! Vous voulez le premier argument ? Le scénario ! Il faut bien admettre que de ce côté-là, il ne fallait pas en attendre grand-chose. Et sur ce point, nous ne sommes pas déçus : nos Tortues qui vont sortir des égouts pour combattre Shredder et sa bande, qui veulent faire plier la ville de New York. Ni plus ni moins ! Mais même avec un script aussi mince qu’un timbre poste, le film arrive à livrer quelque chose d’encore plus indigeste que sur le papier. La faute à des invraisemblances inexcusables : Splinter apprend les arts martiaux en lisant un bouquin, le fait qu’on passe de Manhattan à une chaîne de montagnes enneigées située non loin de la ville en un rien de temps, April ayant une photo montrant les Tortues mais ne la montrant jamais pour prouver qu’elles existent alors qu’elle s’acharne à le faire… À des répliques inertes au possible (la façon dont April trouve le nom « Tortues Ninja »). Au manque de travail scénaristique vis-à-vis des personnages (les méchants veulent faire le Mal parce qu’ils en ont envie, rien de plus). Au fait qu’April soit le personnage principal, mettant du coup nos Tortues au second plan… Des exemples de cet acabit, le film en propose par milliers !
Mais surtout, Ninja Turtles va s’attirer beaucoup d’ondes négatives de la part des fans en détruisant en toute liberté la mythologie des comics et du dessin animé. Si pour le premier, un clin d’œil a été réalisé de manière sympathique (un générique à la Sin City), le reste n’arrive nullement à la hauteur. Ainsi, vous aurez droit à un Splinter directement rat de laboratoire et non l’animal de compagnie d’un combattant japonais (les comics) ou directement le combattant lui-même, transformé (le dessin animé). April a un lien direct avec les Tortues (et Splinter) car elle était, enfant, leur maîtresse, qui leur avait donné des noms de peintres de la Renaissance (pourquoi, on ne sait pas) et qui leur donnait des morceaux de pizza pour le goûter (explication inacceptable pour la dépendance des Tortues aux pizzas). Et que tous nos gentils animaux ont mutés à partir d’un produit chimique inventé par le père d’April. Bref, même si pour ses producteurs Ninja Turtles porte le statut de reboot (ce qui induit que des libertés peuvent être permises), le film bafoue toute une mythologie qui faisait justement la force de cet univers. S’en même s’empêcher d’aller piocher quelques idées voire scènes dans d’autres films, comme la saga The Amazing Spider-Man : le combat final se déroulant sur le toit d’un building se finissant par la chute de l’antenne s’y trouvant (The Amazing Spider-Man 1 : Spidey contre le Lézard), le fait que les méchants veulent le sang des Tortues pour récupérer le mutagène qui s’y trouve à des fins personnels (The Amazing Spider-Man 2 : Harry Osborn voulant le sang de Spidey afin que le mutagène puisse le sauver de sa maladie incurable)… Même du côté technique, c’est du copié-collé à foison : l’armure high-tech de Shredder qui use de bruitages à la Transformers, la musique qu’on croirait sortie tout droit de Transformers (alors que le compositeur est Brian Tyler et non Steve Jablonsky)…

Ajoutez à tout cela une réalisation catastrophique qui gâche au possible les séquences d’action en les filmant de trop près et de manière hystérique à ne plus rien y voir (seuls le combat entre Splinter et Shredder et la descente des montagnes à dos de carapace sont acceptables) et qui se permet quelques effets qui n’ont aucune raison d’être (un zoom, un plan filmé de travers…). Des comédiens à côté de la plaque (Megan Fox en tête) ou qui ne sont présents que pour toucher leur cachet (Whoopi Goldberg). Des effets numériques en surdose (même plus que dans Transformers) et pas toujours jolis à regarder. Une motion capture bâclée par le fait que deux interprètes ont été « effacés » par la présence de stars à un casting vocal établi juste à des fins commerciales (Pete Ploszek par Johnny Knoxville et Danny Woodburn par Tony Shalhoub). C’est confirmé : notre enfance vient d’être saccagée en seulement 1h41 de film !

Avec tous ses défauts, Ninja Turtles n’est malheureusement pas le blockbuster fun et agréable qu’il aurait pu être, gâchant presque l’envie de voir la suite, d’ores et déjà annoncée pour 2016. Car oui, malgré sa piètre qualité et des avis hautement négatifs, le film reste tout de même un succès commercial certain (plus de 375 millions de dollars à travers le monde). Et du coup, il reste un petit espoir pour les spectateurs (ou les fous, selon les points de vue) pour que Ninja Turtles 2 relève le niveau en corrigeant les nombreuses erreurs de son prédécesseur. Comme, par exemple, avoir un meilleur réalisateur !

Créée

le 25 oct. 2014

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