La nostalgie du plateau-repas aérien
Durant un vol long-courrier, l’attente du plateau-repas est une excuse valable pour lancer un film dont l’évocation ruinerait une réputation. Regarder Ninja Turtles s’appuyait sur deux excuses : le plateau-repas et la nostalgie.
Cette dernière étant la plus traitre, car c’est revenir au sein maternel des premiers films. Et peut-on renier si facilement sa mère quand son enfance a été bercée par les premières séries des Tortues Ninja et les films des tortues en mousse et des pizzas au fromage proéminent ? Foutu cordon.
Heureusement, je comptais sur l’arrivée de mon repas japonais avec vin rouge chilien en mignonette plastique pour couper le cordon plus efficacement que n’importe quel psy. Sauf que le plateau-repas ne voulait pas arriver. Et c’est ainsi que j’ai vraiment regardé le film.
Et je me répétais : dès que je vois les Tortues Ninjas, je coupe. Les Tortues Ninjas sont arrivées. Pas mon plateau. Je n’ai pas réussi à couper. Et pourtant. Les petites bouilles joviales ont été remplacées par des couilles de petit-pois sous hormone. La combinaison jaune d’April O’Neil a été remplacée par un petit blouson jaune cintré sur les seins de Megan Fox. Et ne croyez pas que la nostalgie soit dupe, on ne l’achète pas avec Whoopi Goldberg. Et merde, pauvre William Fichtner, malgré tous ses efforts, on sait très bien qu’il sera un traitre. Qui de la nostalgie, du whisky en apéro ou du jet-lag m’empêche d’éteindre ce film.
Au bout de ¾ heure, mon calvaire s’arrête. Le service vidéo vient de bugger. Et je n’ai toujours pas mon plateau-repas.