Ninja Turtles est sans nul doute un cas d’école à part entière dans le blockbuster hollywoodien actuel. Et pour cause, malgré des critiques, aussi médiatiques qu’amatrices, pour le moins assassines, le film a su être un succès commercial de grande ampleur au point d’encourager les producteurs à lui donner une suite. Au diable les mauvais retours ! Du moment que le produit rapporte, ne nous privons pas du filon ! Il n’est donc pas étonnant de voir Michael Bay et son nouveau poulain Dave Green (dont c’est le second long-métrage après Écho) aux commandes d’un nouvel opus, pour le plus grand malheur des cinéphiles. Mais contre toute attente, cette séquelle de nos chères Tortues Ninja s’avère bien plus réussie que son prédécesseur. À juste titre !
La première chose qui frappe dans cette suite contrairement au tout premier film, c’est sa prise de conscience de ce qu’il est sur le papier, à savoir un divertissement balourd mais généreux. Tandis que le film de Jonathan Liebesman se prenait bien trop au sérieux à vouloir expliquer l’origine des Tortues et leur donner de l’ampleur en saupoudrant le tout d’un humour grotesque, Ninja Turtles 2 assume pleinement son ridicule. De part des situations bien plus cocasses, plus de gags et un scénario allant droit à l’essentiel (de nouveaux personnages intégrés certes rapidement mais convenablement), cette suite se présente comme l’exemple-type du divertissement sans prise de tête qui n’a pas peur des blagues à deux balles et des incohérences scénaristiques (Shredder s’alliant sans raison avec Krang, par exemple) pour amuser un minimum la galerie. Non seulement le rythme est bien plus soutenu, l’ensemble bien plus regardable, mais aussi étrangement que cela puisse paraître, les passages dits « sérieux » passent mieux que dans le premier opus (les Tortues se battant pour devenir humaines ou pas), rendant nos héros attachants et non insupportables.
L’autre qualité de cette suite : sa mise en scène. Bien que celle-ci soit impersonnelle et pas vraiment exceptionnelle pour un sou, elle se révèle être toutefois plus agréable. En effet, le long-métrage de Jonathan Liebesman faisait incroyablement mal aux yeux, surtout lors des séquences d’action, filmées de manière hystérique et ce bien trop rapproché des personnages à ne plus rien n’y voir. Ici, tout est plus limpide et fluide comme en témoigne la course-poursuite sur l’autoroute ou encore la descente des rapides en Amazonie. Et ce même si Dave Green ait copié le style de Michael Bay, au point de reprendre les ralentis (que ce soit pour l’action ou bien le côté sexy de Megan Fox) et autres tics du papa d’Armageddon (la caméra de travers, les couleurs pétillantes, les contres-plongées…). Ce qui offre un l’ensemble un peu plus d’énergie et de spectaculaire. De quoi assurer le show !
Mais après, il ne faut pas non plus se leurrer : malgré ses améliorations, Ninja Turtles 2 est encore bien loin d’être un bon film. Hormis un scénario, comme on pouvait s’y attendre, à ras les pâquerettes avec ses personnages secondaires fades (Casey Jones en tête) et ses répliques bas de gamme, le film cumule bon nombre de défauts qui l’empêchent d’être une réussite totale. La faute revenant principalement aux carences scénaristiques grosses comme une maison (des ellipses trop brutales, des raccourcis grotesques…) et à un humour encore limite pour un public mature, des effets spéciaux toujours aussi mitigés (soit trop numériques, soit mal intégrés à l’image), un casting sans saveur malgré des comédiens qui semblent s’éclater (notamment Stephen Amell, le catcheur Sheamus et Gary Anthony Williams) et bien trop de redites par rapport au film précédent (le duel face à Krang rappelle celui contre Shreddder).
Et pour finir, parlons de l’univers des Tortues Ninja ! Si cette suite est toujours aussi éloignée de l’esprit mature de la bande-dessinée, elle se rapproche néanmoins de celle de la célèbre série animée (au point d’en reprendre la chanson lors du générique de fin). Certes, la fantaisie, le charisme et le panache en moins. Mais c’est avec un plaisir partagé que l’on retrouve des personnages tels que Casey Jones, Krang, Bebop et Rocksteady, fidèlement retranscrits à l’écran. Sans oublier l’apparition à l’écran du Technodrome. Quant à Shredder, en plus de changer d’interprète (Tohoru Masamune laisse sa place à Brian Tee), il abandonne son abominable combinaison style « Transformers » contre une tenue plus sobre et classe, à l’image du protagoniste. Vous l’aurez compris, nous sommes bien loin de l’esprit « je m’en foutisme » du premier opus pour aboutir à quelque chose de bien plus respectueux envers le modèle de base.
Alors oui, Ninja Turtles 2 n’a rien de transcendant. Juste un blockbuster lambda qui amusera les moins difficiles sans pour autant être inoubliable. Mais s’il fallait lui reconnaître une chose, c’est bien les corrections apportées à son prédécesseur, montrant son envie de faire bien mieux. Car passer d’un film merdique (désolé du terme) à un divertissement ma foi sympathique, ce n’était franchement pas gagné d’avance ! Après, je n’irai pas jusqu’à attendre un Ninja Turtles 3, surtout que ce numéro 2 n’affiche (pour le moment) pas de chiffres faramineux au box-office. Dans un sens, il faudrait peut-être s’arrêter sur cette note potable avant de chuter à nouveau dans l’indigeste !