La jeune Rakel a plein de rêves… astronaute, garde forestière, dessinatrice… c’est surtout sa qualité d’illustratrice qu’elle partage avec nous y compris dans le récit cinématographique de son Ninjababy, le nom qu’elle lui a donné !
Le dessin s’ajoute aux prises de vues et s’y inscrit pour nous raconter ses échanges intérieurs, les règlements de comptes dont elle a besoin qui ponctuent, avec pertinence et souvent rudesse… le déroulement de l’histoire.
Autrement Rakel vit ‘‘plein tube’’ sa vie, avec sa copine-coloc très complémentaire voire très accompagnante. Une vie un peu décousue, des soirées bien arrosées, de la fumette souvent trop intense, et des rencontres éphémères, joyeuses ou pas, laissant peu de traces.
Mais voilà, une en a laissé, sans qu’elle s’en aperçoive. Pas les formes visibles, habituelles, mais sa meilleure copine la pousse à faire un teste de grossesse. C’est positif et l’IVG semble la seule issue. Mais le jour du rendez-vous, ô surprise, trop tard, elle est enceinte de six mois.
Forcément la vie de Rakel va être bouleversée...! Non, ce n’est pas l’instinct maternel qui, dit-on, se manifeste chez toutes les femmes. Non, Rakel ne peut pas, ne sait pas, n’a pas des envies fulgurantes, elle ne veut pas être mère.
Mais le fœtus est là, nous le découvrons dans son dessin fin, acrobatique, animé, attachant, titillant… et nous nous mettons, mine de rien, à réfléchir à ce fameux ‘‘instinct maternel’’, à mieux comprendre comment ‘‘il n’est pas inné, mais se construit, ou non, au fil de l’histoire de chaque femme’’. Et du coup, celui qui est désigné comme le père va aussi surprendre !
Et c’est là tout l’intérêt du film norvégien de Yngvild Sve Flikke, à travers une ‘‘comédie drôlement sérieuse’’, en sortant de la salle de cinéma on comprend mieux ce qui se joue autour de nous, dans ce ‘‘féminisme nouvelle génération’’, qui est un vrai engagement.
Des images et un dialogue très juste sur la place réservée aux femmes dans la ‘‘maternalité’’, où la réalisatrice nous alerte sur le devenir qui s’élabore aussi au plus profond de notre intimité...
* * https://blogs.mediapart.fr/arthur-porto