En voilà une bonne surprise, cet obscur film norvégien d'une réalisatrice norvégienne au nom imprononçable dès lors que votre langue maternelle est de racine latine. J'y suis allé sans trop d'illusions, m'attendant à un pitch sirupeux à souhait et à un happy end où tout rentrerait dans l'ordre, avec un personnage féminin, qui transfiguré par l'amour, accepterait enfin de poser sa tête sur l'épaule robuste du géniteur de son bébé. Eh bien, ce n'est pas du tout comme ça que ça se termine.
En fait, ce film est évidemment d'inspiration féministe, d'ailleurs c'est marqué sur l'affiche. Mais il ne tombe jamais dans le cul-cul et aborde, de façon parfois assez crue, des sujets tels que la contraception, l'avortement, l'adoption, la paternité, la grossesse, la maternité, le machisme et tutti quanti. Tout ça en finesse, même si les dialogues ne prennent pas vraiment de gants et appellent un chat un chat. Le tout porté par une galerie de personnages bien torchés, non dénués de profondeur, hauts en couleur et fort bien interprétés. Et tout en conservant tout du long un ton humoristique, certaines scènes sont franchement hilarantes, je pense par exemple à celle du groupe de parole préparant à l'adoption. Ajoutons que par moments, des graphismes sont insérés dans l'image et que c'est plutôt réussi, car fait avec à-propos et sans en abuser. Il n'est bien sur pas question de dévoiler quoi que ce soit du scénario dans cette chronique, donc je n'en dirai pas plus.
Bien entendu, j'ai vachement apprécié aussi le petit clin d’œil aux jeux de plateau et à leurs adeptes, ces gens qui passent des heures à peindre des figurines métalliques et que le commun des mortels prend pour des débiles. Ça et le ton du film, ça m'a fait conclure que sa réalisatrice était sans aucun doute une jeunette qui réalisait là son premier opus. Eh bien là, que nenni, cette dame approche la cinquantaine et j'en viens du coup à me demander si ce Ninjababy ne contient pas une part d'autobiographie, d'autant que le truc est très introspectif et que sa ressemblance (de visage) avec la Rakel de son film (avec quelques années de plus, bien sur) est troublante...