Grandeur et décadence d'un président.

Après un formidable JFK, Oliver Stone s'attaquait cette fois-ci à la vie, personnelle et politique, du 37eme président américain.
Et, dans cette énorme biopic de plus de 3 heures, le réalisateur nous dépeint Nixon comme un homme plus complexe qu'il n'y parait.
On le voit se retirer de la vie politique pendant 5 ans, de 1962 à 1967, à la suite d'une défaite en tant que candidat au poste de gouverneur de Californie, mais surtout parce que sa femme, très influente dans sa vie, lui somme de se retirer de ce milieu sous peine de divorce, lui reprochant de ne plus exister pour ses filles qu'à travers la télévision ou la radio, ce qui nous vaut une scène formidable entre Anthony Hopkins et Joan Allen.


Le film montre très bien, mais assez peu, le début du pouvoir de la télévision, lors du premier débat filmé entre Kennedy et Nixon, ce dernier ne "passait" pas bien du tout (dans le film, il apparait mal rasé, transpirant beaucoup, et quelque peu perturbé par la prestance de Kennedy, qui semblait avoir compris l'enjeu que représentait la télé devant leurs concitoyens), et ça sera toujours un peu le cas lors de ses diverses allocutions, où sa grande énergie (il jure beaucoup) fond littéralement, on ne le sent jamais bien devant une caméra.


Et, bien sûr, le film se concentre essentiellement sur son parcours politique en tant que président, mais surtout ses erreurs, aussi bien celles concernant le Vietnam (ce qui lui vaudra une impopularité record chez les jeunes, incapables de comprendre pourquoi ils devaient partir dans un pays qui leur semblait si étranger), que l'affaire du Watergate, qui le mènera à sa destitution. On voit également sa fameuse rencontre avec Maozedong, ainsi qu'un plan pour tenter d'éliminer Fidel Castro dans les années 60.


Dans ce film, on reconnait très bien le Nixon, tel que des vidéos le montraient, mais j'ai une certaine réserve sur le choix de son interprète principal. Bien que Anthony Hopkins soit excellent (il a droit à des scènes formidables, l'une devant la statue de Lincoln devant des jeunes, l'autre quand il va se mettre à prier aux côtés de Henry Kissinger pour demander pardon à Dieu de sa responsabilité au Watergate, et ainsi de suite...), je trouve qu'il ne ressemble pas tellement à son modèle, ce qui bloque un peu dans son "adhésion", mais il garde plusieurs de ses mimiques, ainsi que son comportement très particulier.
Et, autour de lui, se concentrent une armée d'acteurs formidables, notamment Joan Allen, en vraie cerveau du couple, James Wood, Ed Harris, et un fabuleux Paul Sorvino, complètement crédible en Henry Kissinger (jusqu'à imiter son phrasé très particulier).
Le film revient fréquemment sur les maux qui submergent Nixon, en particulier son rapport avec sa famille, on voit souvent le fantôme de sa mère, comme si il devenait fou (il était aussi connu pour prendre beaucoup de médicaments, ce qui le mènera à un accident de santé que l'on voit dans le film).


Concernant la réalisation, c'est un peu moins ambitieux que JFK, mais le montage me parait un peu trop surdécoupé, on sent que Tueurs-nés est passé, tant ça ma parait parfois un peu frénétique, avec quelques effets que je trouve un peu gratuits (on a droit à des accélérés, à des plans "négatifs", à des zooms brusques, aux surimpressions....), ainsi qu'une musique un peu trop banale.
Malgré l'interprète principal, et mes réserves dans la réalisation, c'est vraiment un très bon film, qui rend bien la complexité qu'était Nixon (j'avais déjà lu il y a quelques années La vraie guerre, où je me rends compte de l'excellente adaptation de Stone), et j'apprécie la neutralité du réalisateur qui, n'étant pas du même bord politique que lui, ne cherche pas à l'enfoncer davantage que les faits dont il fut victime.

Boubakar
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le 9 juil. 2017

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Boubakar

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