Ca doit faire à peu près 10 piges que Michael Bay dit qu'il en a marre de faire des blockbusters de robots géants. Et que pourtant tous les 2 ans environ on a droit à un énième Transformers. Et puis un jour, voila qu'il s'est enfin attablé à un film plus personnel. Résultat, No Pain No Gain est surement son film le plus réussi et le plus drôle, dans un registre tout à fait inattendu chez Bay: une comédie noire inspirée d'un fait divers invraisemblable. Pour la première fois de sa carrière, Bay dézingue l'american dream qu'il a lui-même contribué à façonner au cinéma, et peut-être pour la première fois également, un film de Bay a fait un bide aux Etats-Unis. Pays de cons.


Miami, 1994. Un culturiste pas très malin (Mark Wahlberg, très bon en coquille vide bodybuildée) se pique de vivre le rêve américain, et à cette fin veut, avec l'aide de deux comparses de la salle de sport, kidnapper et séquestrer un millionnaire hâbleur et antipathique pour lui extorquer ses biens et vivre connement comme des princes. Problème: ils sont tous cons comme des balais, genre niveau Eric&Ramzy mais avec un disque de fonte à la place du cerveau, et leur plan va vite dégénérer sous les coups de butoir de leurs décisions toutes plus mongoles les unes des autres. L'histoire va impliquer en vrac un roi du porno, des implants mammaires, un orteil tranché, une spécialiste des troubles érectiles qui couche avec ses patients, une tronçonneuse made in China, des ninjas en collant vert fluo et une tonne de shakers protéinés. Tout un programme, j'achète direct.
Le film est un festival de beauferie fendarde qui suinte la vulgarité ricaine par tous les pores, entre motivational speakers à la gloire de l'argent-roi et entrepôts de poupées gonflables. Les potards Michael-Bayesques sont tous poussés à fond, mais pour la première fois c'est uniquement au service de son histoire, sans complaisance: personnages débiles, flics racistes, bagnoles de kékés, lumière criarde, bimbos en chaleur toutes les deux scènes et strip-teaseuses bêtes à manger du foin, contre-plongées ringardes sur les montagnes de muscles huilés, plans phalliques sur avions et Lamborghinis, imagerie clipesque d'un Miami des 90's tout droit sorti d'un GTA. Il y a bien sûr aussi l'inénarrable The Rock, dans un de ses meilleurs rôles, très drôle en simplet tragique, ex-taulard mystique mais toxico qui implore dieu pour ne pas replonger dans la criminalité. L'humour marche à fond, entre dialogues crétins, complicité rayonnante entre les acteurs, idées à la con menant à des situations rocambolesques, et final comico-trash à la Fargo (si, si).


Bien sûr, le délire n'est pas sans défauts, notamment à cause de ses voix off trop présentes et dispensables, et son dénouement vrillé qui semble durer dix fois trop longtemps avec cette outrance Bayesque martelée encore et encore. Mais aussi sa conclusion morale à la Pierre Rabhi style "la vraie vie est faite de choses simples": venant du plus gros vendeur de pop-corn de l'histoire du cinéma, dont les films racoleurs ont abruti des générations entières de gamins, ça ne manque pas de piquant. Mais ça fait plaisir de voir que, quand il ne croule pas sous les moyens, Bay est capable de se canaliser pour raconter une histoire plus resserrée et nous faire vraiment marrer ainsi pendant 2 heures, et qu'il est même capable d'une sacrée dose d'auto-dérision. Bref, vraiment un bon film.

Biggus-Dickus
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films à regarder dans un état second

Créée

le 20 déc. 2018

Critique lue 278 fois

Biggus Dickus

Écrit par

Critique lue 278 fois

D'autres avis sur No Pain No Gain

No Pain No Gain
Gand-Alf
6

Pumping Iron.

Vulgaire, beauf, clinquant, sexiste et parfaitement crétin, voici ce qui caractérise le cinéma de Michael Bay, archétype du bon gros ricain sûr de lui, le genre à rouler en 4x4 cheveux aux vents,...

le 7 sept. 2014

55 j'aime

3

No Pain No Gain
Truman-
7

Du Michael Bay sans Michael Bay ça donne No Pain No Gain

Michael Bay réalise ici un film qui sort bien de ses habitudes, en effet pas question de fusillades a gogo, d'explosions a tout va et de super cascades de fou saupoudré d'effet spéciaux hallucinant,...

le 12 août 2013

51 j'aime

3

No Pain No Gain
real_folk_blues
6

Bay Harbour Butchers

Bon alors, faites des photos, des captures d’écran, sauvegardez dans le cloud, entourez la date dans votre agenda, envoyez un mail à BFMTV ; j’ai mis la moyenne à un film de Michael Benjamin Bay, né...

le 3 sept. 2014

50 j'aime

20

Du même critique

Paranormal Activity
Biggus-Dickus
1

Attention. Ce flim n'est pas un flim sur le cyclimse. Merci de vôtre compréhension.

Il est des succès inexplicables. René la Taupe ou Paranormal Activity, c'est du pareil au même. Un film d'épouvante qui ne fait pas peur, c'est comme une comédie pas drôle, un film de gangsters sans...

le 2 juin 2014

12 j'aime

Le Genou de Claire
Biggus-Dickus
3

Et ça papote, ça papote

Ah, Rohmer, sujet d'adoration par la critique depuis toujours, emblême de la lutte des artistes créateurs intimistes contre le cinéma soi-disant impersonnel et industriel des blockbusters forcément...

le 6 août 2014

11 j'aime

12

The Batman
Biggus-Dickus
4

L'Eternel Retour

Peut-on vraiment encore faire des films Batman en 2022? La question se pose, tant cette dernière itération tourne à vide en se reposant sur les acquis, la surface et le vernis de cet univers pourtant...

le 21 mai 2022

10 j'aime

2