No Pain No Gain par Notry
Très bonne surprise que ce No Pain No Gain. Et avec Michael Bay on peut s’attendre à tout.
Je ne sais ni comment ni d’où lui est venu l’idée de réaliser un film basé sur cette invraisemblable histoire vraie, mais c’était sûrement la meilleure idée qu’il a eu/qu’on lui ait proposé.
Le réalisateur fait enfin preuve de maturité avec un film soigné de bout en bout, et même si l’on regrettera l’utilisation de « shakycam » de temps à autres ou d’une certaine convenance dans le scénario, je ne peux qu’être admiratif dans sa construction et dans sa réalisation.
Tout d’abords je me dois de féliciter le roi de l’explosion qui n’en a mis qu’une seule ici, et encore, loin d’être impressionnante.
Bon, ce qu’il ressort de ce film est un étonnant équilibre des genres. On a le droit à de l’humour sarcastiquement sérieux, des durs à cuir aux bras cassés et une organisation ficelée avec un câble métallique.
Premièrement le film parvient à prendre le parti de tous les protagonistes principaux et ce de manière particulièrement fluide. Au lieu de tout centrer sur le personnage de Mark Wahlberg, la narration variera d’un personnage à l’autre, que ce soit parmi ses acolytes ou à travers l’esprit même de la méchante « victime » antipathique (comme ils disent) jusqu’aux pensées du détective lui-même. Et tout cela sans que ça gène la continuité des scènes qui se déroulent sous nos yeux. On pourra pointer du doigt le fait que ça n’ait qu’une infime importance dans l’histoire du fait que les différentes pensées des personnages n’affecteront que très peu le déroulement du scénario et surtout parce que tout ça est tiré d’une histoire vraie, mais ça a néanmoins le mérite de donner plus de crédibilité aux personnages et plus de compréhension que leurs actes, si tant est que cela soit nécessaire.
Car oui, les personnages sont assez clichés et simplistes d’une certaine manière, encore qu’ils maintiennent une cohérence dans leur mode de penser. Mais le détective est extrêmement basique, le méchant n’a que la singulière particularité d’être étrangement résistant (ou chanceux selon le point de vue) et le personnage incarné par Dwayne Johnson, malgré une interprétation convaincante, n’a pas l’ombre d’une véritable réflexion d’écriture psychologique.
Deuxièmement, et c’est là le plus gros point fort du film selon moi, le second degré inhérent au film. L’histoire vraie tend à raconter qu’en 1994, une bande de 3 haltérophiles souhaitant vivre le rêve américain comme l’ont fait tous les riches de Miami, sans pouvoir le faire toutefois dû à leur situation sociale peu envieuse, vont chercher à dérober entièrement la richesse d’une personne déjà malhonnête. Etant peu intelligents et foncièrement bons, ils vont se retrouver complètement dépassés par les évènements et la situation ira de mal en pis.
Au lieu d’en faire un thriller dramatique, Michael Bay prend le contre-pied et en fait presque un thriller d’action comique (c’est déjà une performance en soit de parvenir à faire un thriller comique). On pourra critiquer que Michael Bay ne trouve pas sa voie et ne devrait pas envoyer son scénario dans tous les sens et se concentrer plutôt sur un genre précis. Il pourrait faire aussi comme Steven Soderbergh dans Effets Secondaires (désolé mais y a que cet exemple qui m’est venu à l’esprit) et passer d’un genre à l’autre comme on passe du coq à l’âne, mais ça aurait détruit tout l’intérêt d’adapter une telle histoire au cinéma.
Au final on se retrouve avec des réactions on ne peut plus sérieuses de la part des protagonistes face à des situations parfaitement ridicules et sans aucun sens logique. Pour citer quelques passages, je pense dès le début au plan méticuleusement mis en scène par Lugo pour s’infiltrer chez leur victime avant de s’apercevoir que celui-ci fait Shabbat et de détaller en courant en criant « Mission annulée !! », et ce à 2 reprises. Ou encore de voir Dwayne Johnson, deux fois le gabarit de ses deux acolytes qui sont déjà super baraqués, et d’être le seul a sursauté lors d’une explosion derrière eux (Cool guys don’t look at explosion… but Dwayne Johnson is afraid of it). Ainsi que le petit rappel aux ¾ du film : « Ceci est toujours une histoire vraie », qui en dit long sur la situation et les proportions bordéliques que les évènements prennent.
Par ailleurs le film s’active au rythme auquel les évènements dégénèrent, on ressent très bien l’ampleur de la situation et c’est d’autant plus comique que les idées et les réflexions des personnages ont une part de vraisemblance. J’irais pas jusqu’à affirmer qu’ils ont vraiment fait ça en vrai dans les détails près mais ce serait bien des actes qu’un citoyen lambda à l’intelligence moyenne serait capable de penser.
Au final alors qu’on ressent très bien la détresse des personnages on ne peut que rire, un rire un peu jaune s’il en est, de leur situation totalement dérisoire par rapport au chaos qu’ils engendrent. C’est un peu ça la vraie force de ce film l’opposition parfaite d’un sujet parfaitement comique évoluant dans une situation complètement dramatique.
En fin de compte c’est un film très rafraîchissant à voir, qui s’assume totalement et qui permet vraiment facilement de se vider la tête sans s’ennuyer une seule seconde. La prestation des acteurs est vraiment très juste par ailleurs, surtout avec les périodes de narration qui présentent les personnages ou qui leur fait dire ce qu’ils pensent à un stade de l’histoire. Le film est d’autant plus intéressant qu’il est très certainement le meilleur film du réalisateur (peut-être après Armageddon que j’ai oublié depuis le temps), surtout quand l’on sait que le film aurait coûté moins de 30 million de $.
Enfin bref toujours est-il que j’ai pris grand plaisir à le voir au cinéma, si Michael Bay daigne continuer dans cette voie ce serait avec plaisir et engouement que je me rendrai dans les salles de cinéma pour voir ses films et non la tête pleine de vilenies à leur encontre après les avoir sciemment téléchargé illégalement ! Merci d’avance Michael de redorer ton blason !