Une casserole d'exception
La plupart du temps, j'attends toujours plus ou moins vingt-quatre heures après visionnage avant de rédiger une critique. Il y a cependant trois exceptions à cette règle bien établie: 1/ le film que je viens de voir me hante et je ne peux pas faire autrement que d'écrire à son sujet, 2/ je viens de voir le film en avant-première et je veux absolument être le premier à écrire une critique pour récolter le plus de pouces levés, ce qui exige d'être encore plus rapide que les membres qui écrivent leurs critiques sur leurs iPhone au fur et à mesure de la projection, 3/ j'ai peur d'avoir oublié le film le lendemain, et je considère donc qu'il y a urgence en la matière. Bien évidemment, c'est à cette troisième exception qu'appartient No Way Back.
L'objet du délit vient en fait juste d'être diffusé sur NRJ 12. Après Léon et avant La Maison du Bluff - imaginez les hauts patrons de la chaîne se brainstormer sur cette case précise un soir d'été, en pleine pause cigarette sur le perron du studio de Tellement Vrai à la Plaine Saint-Denis:
- Mec, on a un soucis pour lundi prochain. On a un trou entre Léon et la Maison du Bluff. Et putain on se tâte, on se tâte, mais on fait comment pour garder les beaufs éveillés deux heures? On peut pas rediffuser Les Anges, les disques durs ont cramé à force de tourner H24 la semaine dernière.
- T'as demandé au stagiaire monteur de 5 Frenchies au Springbreak? Il est fan de Prometheus, il va sûrement pouvoir nous sortir un truc gratiné des archives TF1 de l'INA contre un rail.
Certes, je suppute, je suppute, mais je reste persuadé que je suis assez proche de la vérité. Je veux dire, j'en ai vu des colis suspects estivaux, c'est même la spécialité des mois de Juillet et Août, genre des rediffusions de Killer Flood: The Day The Dam Broke entre deux clips de 1995 (véridique), des trucs qui te font presque regretter la télé d'Etat de la Corée du Nord, les chapeaux gris et les chaussures à fermeture éclair. Mais No Way Back. No Way Back quoi. Je ne suis pas vraiment le spectateur cible sus-cité mais ayant perdu ma télécommande en début de soirée et ayant vu Russell Crowe au générique, je me suis dit "pourquoi pas". Triste choix.
No Way Back c'est l'histoire d'une japonaise qui bosse avec le FBI (Russell Crowe si si, dans le rôle de l'agent du FBI, pas de la japonaise) et qui doit faire une pipe à un skinhead, mais finalement elle le tue lui et ses copains et ça lance une sombre histoire de mafia composée d'une petite dizaine de mecs tatoués et d'un petit gros sur une barque - le parrain donc, façon Marlon Brando, l'accent, le talent et la classe en moins. Y'a aussi une blonde qui se pointe à mi-chemin, je ne sais toujours pas à quoi elle sert, mais je sais que l'actrice (Helen Slater, ex Super-Girl, la final touch du casting) joue très très mal, et par très très mal j'entends plus mal encore que le reste du casting, ce qui révèle de l'exploit quand on (re)pense à la performance de la japonaise du prologue (qui est sans doute chinoise quand j'y repense, les américains ne sont plus à ça près) qui nous offre quelques magnifiques cabrioles dans une scène d'action qui déclasse sévèrement les performances physiques de David Suchet dans Hercule Poirot.
Je dois reconnaître à ce stade que j'ai plus ou moins fermé les yeux sur 50% du film (mais peut-on encore appeler ça un film?), ce qui ne m'a pas empêché d'en apprécier la fin (spoiler à la prochaine parenthèse), dopée à l'acte héroïque (le frère de la japonaise parvient à tuer le parrain de la mafia d'une balle alors qu'il est lui-même CRIBLE DE BALLES A BOUT PORTANT, le tout sans mourir d'une hémorragie) et au miracle Hollywoodien (le fils de Russell Crowe revient à la vie après une noyade de dix-huit bonnes minutes, le tout sans la moindre séquelle cérébrale), sorte de cerise acidulée sur le nanar intergalactique. Littéralement, puisque les phrases les plus simples font les meilleures critiques: à côté de No Way Back, Paranormal Activity 4, c'est Shining. En mieux.
Sinon, 1995, année de sortie de No Way Back, c'était aussi l'année de Mort ou Vif, avec le même Russell Crowe. Et c'était deux ans avant L.A. Confidential, avec le même Russell Crowe. Comme dirait Gazoùù Dés Yiiisles Biebeer TimberlaAake UsheeEEEr, cette amie Facebook qu'on a tous, "A maiditai".