Que ne ferait-on pas pour une jolie serveuse avec les yeux de Felicity Jones ? Casey (Nicholas Hoult), lui, renonce à sa petite vie de dealer au service d'un gangster turc (Ben Kingsley) pour partir vivre un long montage de scènes romantiques avec elle. On peut le comprendre. Seulement quand poursuivre son histoire d'amour doit passer par une transplantation de rein aussi onéreuse que nécessaire à la survie de la femme de ses rêves, Casey rempile tête baissée et se retrouve mêlé à un vol de camion appartenant au plus grand narcotrafiquant d'Allemagne (Anthony Hopkins).
Une fois ses tenants sentimentaux expédiés mais plutôt bien mis en relief par ses deux comédiens, "No Way Out" part pied au plancher dans une espèce de roller coaster sans fin où le personnage de Nicholas Hoult échappe à la mort 10 000 fois, croise généralement dans sa fuite de chouettes voitures pour les voler et les fracasser sur les routes d'Allemagne (car, oui, ça se passe une fois de plus dans un pays européen pour donner des frissons de dépaysement au public américain), et monte en passant un plan improbable prétexte à un twist pas très inspiré de film de casse.
Mais on se prend malgré tout une énième fois au jeu, le film passe aussi vite qu'un des bolides conduit par Hoult sur une autoroute, Eran Creevy réussit même à élaborer quelques fulgurances visuelles ici et là pour assurer un spectacle haletant privilégiant la bonne action non-stop (l'évasion de l'entrepôt ou cette vision avant un crash notamment) et, surtout, son héros a la bonne idée d'être incarné par un Nicholas Hoult irréprochable dont la force de conviction oscillant entre une forme de romantisme désespéré et une aisance dans l'action apporte une plus-value réellement conséquente au film. Pour ainsi dire, il le porte pratiquement sur ses seules épaules si l'on excepte les coudes de Felicity Jones lorsque ces deux-là décident d'illuminer l'écran ensemble. On ne pourra pas en dire autant de ces vieux loubards de Ben Kingsley et Anthony Hopkins, tous deux sont pris en flagrant délit de cabotinage à peine digne de caniches de cirque. Évidemment, conscients qu'ils n'ont pas là le rôle de leurs vies, ils ne prennent visiblement pas trop cette affaire au sérieux.
On ne leur donnera pas tort dans un sens : bien sûr qu'on déjà vu des dizaines de films ressemblant à "No Way Out", bien sûr qu'on ne s'en rappelera probablement plus dans une semaine, mais ils auraient pu tout de même faire un effort car le long-métrage peut au moins se targuer d'une réelle efficacité dans la masse du genre. Et si ce n'est pas assez rare pour le rendre mémorable, ça a au moins le mérite de lui permettre de nous faire passer bon moment.