"Noah" est un court métrage présenté cette année à Toronto est disponible intégralement sur internet. Il présente la particularité d'être entièrement réalisé à partir du contenu affiché sur l'écran de l'ordinateur et de l'Iphone de son protagoniste principal, Noah.
La mise en scène est donc en apparence simple : un logiciel permet d'enregistrer tout ce que l'écran diffuse, puis un autre logiciel permet les "mouvements" de caméra s'intéressant à des parties de l'écran précises. Pour l'Iphone je sais pas trop, en tout cas c'est bien foutu, surtout le plan qui résume une ellipse de quelques jours.
L'histoire est simple : Noah surfe tranquillement sur l'ordi, regarde du porno, écoute de la musique, discute avec sa copine. Il pense qu'elle veut rompre et pirate son compte FB pour découvrir des informations. Induit en erreur il change le statut de couple et mène à la rupture totale. Quelques jours après, il rencontre une autre fille sur chatroulette.
A priori, rien de plus banal, mais le film montre sans opérer de jugement moral les techniques de communications actuelles et les petites manies des (jeunes) utilisateurs des réseaux sociaux. L'observation est réaliste (un brin dramatisée quand même, en tout cas "chorégraphiée" pour le film) et crédible, on y voit nos hypocrisies, nos lubies, nos faiblesses. Surtout, en voyant ce film sur un ordi et en reproduisant une partie des gestes que l'on voit dans le film - typiquement, faire plusieurs choses en même temps, on se surprend aussi à réfléchir sur le statut de l'oeuvre et sur notre propre comportement, de "pourquoi je fais ça ?" à "tiens moi aussi je pourrais faire ça !", pour résumer simplement.
Le film fait un bel écho chez moi puisque j'y reconnais quelques traits de mon comportement : 12000 onglets à la fois, pitchfork en favori, le porno -rien ne sert d'être hypocrite, les discussions sans grand intérêt. Et puis il y a la musique. McCartney, REM, Tame Impala, Donna Lewis, Metallica. C'est simple, on dirait que j'ai branché mon ipod sur la vidéo. Tout va très vite et l'originalité du dispositif pallie la relative banalité de l'histoire. Le générique est très malicieux.