Noces s’empare d’un sujet douloureux auquel il restitue la complexité de ses enjeux : l’entrelacs de différents discours porteurs chacun de visions du monde antagonistes, en témoigne la très belle séquence entre deux pères qui n’accèdent à aucun terrain d’entente pour dialoguer, a pour effet premier la précarisation du personnage de Zahira, prise au piège dans une galerie de reflets lui réfléchissant l’impasse où elle se trouve. Le réalisateur Stephan Streker livre une mise en scène précise qui énumère les fausses pistes avec fatalisme – là réside peut-être le défaut principal du film, soit la conscience qu’il n’y a pas d’issue possible pour la jeune femme, tributaire de « l’histoire vraie » dont elle s’inspire – en retranscrivant son existence à la manière d’une tragédie : l’échappée en moto, la première intervention à l’hôpital, le retour de la sœur aînée offrent autant d’espoirs aussitôt formulés aussitôt balayés par une violence grandissante. D’excellents acteurs contribuent à la réussite d’un long métrage tout à la fois modeste dans sa forme et ambitieux dans son propos.