Noyé pour noyé, autant choisir mon liquide....

J'ai très récemment pris une bonne grosse claque ciné, comme j'en prend rarement, avec le Film Mother! (cf ma critique ; oui je me fais de l'auto-promo, oui c'est honteux je sais) de Aronofsky...

Or jusqu'à présent, le seul film que j'avais vu de ce brave homme, c'était Requilem for a Dream qui avait était en son temps, lui aussi, une sacrée grosse claque.

Et là je me dis à moi même : "bigre, diantre et palsambleu (oui, j'use d'un langage étonnamment soutenu quand je me parle à moi même); voilà donc un réal' qui en deux films, pond ce que je considère comme deux sacrées masterclass... serait il possible que j'eusse trouvé là le "Spécial One", le Maitre, ma future idôle?..."

Trop de suspense pour moi, il fallait que j'en ai le coeur net. Je me décidais donc à enfin me pencher, dès que j'aurais du temps, sur le fameux Black Swan, que j'avais boudé jusque là, parce que franchement, de base, le ballet, je m'en bats les ...

Sauf que, voilà, le facétieux Destin a fait en sorte de placer sur mon chemin le film Noé dans les suggestions automatiques de ma Sainte zapette TV... Du coup, j'y suis allé, la fleure au fusil... et ça a été la douche froide...

Alors bon, j'admet que le 3 est un peu sévère ; il y a des trucs intéressants dans ce film :

De jolis visuels, quelques scènes d'action impressionnantes (déclenchement du déluge), un dilemme pas dégueux et un questionnement sur jusqu'à où un homme peut aller par fanatisme, sur la place de l'Humain dans la nature, sur le conflit entre "Raison" (avec guillemets) et Sentiment etc...

Bref, normalement, c'eut mérité laaaaargement un 4. Mais voilà, c'était Aronofsky et j'en attendais beaucoup et maintenant, je suis déception, je suis frustration, je suis tristesse ; du coup, je saque comme un sagouin, na!

Parce que bon, ok, y a des trucs pas inintéressants... Mais bordel de poulpe qu'est ce que c'est mal raconté! Et qu'est ce que ça flirt sans cesse avec le ridicule...

Les persos ont un look grotesque. Ils arborent des casques de soudure, des mortiers d'artifices et des tests de grossesses antédiluviens (sisi!).

Certaines péripéties sont à mourir de rire ; notamment quand Kévin fait sa crise d'ado' parce qu'il aura pas de gonzesse (contrairement à grand frère qui lui, a pécho ; c'est le jeu ma pôvre lucette) et que papa décide d'aller à la ville pour lui choper une nana ("sur place ou à emporter?"), mais que il change d'avis et que alors Kévin, il part chercher sa nana lui même et que il en trouve une dans un trou (c'est méta!) qu'il appâte avec un sachet de Smarties, mais que 5 minutes après elle se prend la pâttoune dans un piège à loup et que papa il la laisse là parce que pas le temps... Ca donne lieu à la plus belle réplique que j'ai jamais entendu, de la part du "bad guy". Il dit à Kévin en lui tendant un couteau : "Tu veux te venger de ton père n'est ce pas?... Il a tué ta femme."

"Il a tué ta femme."

Sérieux?... Comment une phrase si courte peut elle contenir autant de portnawak?...

Bref.

On a aussi le droit à des dialogues lourdingues. A des pouvoirs magiques qui pop up au grés des besoins du scénario. A des sortes de Golems, croisements bizarres entre des Ents du SdA et des Transformers de Michael Bay.

A des situations peu crédibles : comment un guss avec la jambe en confettis arrive-t-il a escalader des échafaudages pour s'infiltrer dans l'Arche?

Pourquoi saupoudrer la colère de Dieu d'un pseudo-message végétarien complètement décalé? Une bonne partie des animaux que Noé doit sauver et qui seraient supposément "innocents" ne sont pas particulièrement vegan... Alors quoi? Yvan le serpent à le droit de manger Valentin le lapin, mais pas moi?... Franchement Dieu tu saoule : je peux pas manger d'animaux, je peux pas manger de pommes (visiblement ça t'énerve encore plus), je peux pas manger de baies (parce que Mathusalem les a toutes bectées!)... je fais comment moi?!...

On endort toutes les bêtes à l'aide d'un somnifère fumigineux qui ne marche que sur les animaux... Pratique.

On a un Noé qui refuse que l'Humanité survive, mais s'accommoderait que Hermione enfante un garçon... Sauf qu'après, elle pourrait remettre le couvert grand couillon, surtout si tu n'es plus là! Donc soit tu la tue direct et l'histoire est close, soit tu acceptes que éventuellement il puisse y avoir un risque que l'Humanité rejaillisse...

Et puis bon, là je pinaille, j'en ai conscience, mais on a une belle explication Darwino-Créationiste (oui oui ; c'est un concept!) qui montre dans un jolie plan digne des meilleurs clips de FatBoy Slim que la vie, Dieu l'a créé dans l'eau sous forme de cellule, puis qu'elle a fait des tas de poissons, et que ensuite elle s'est répandue sur la terre par le biais de l'évolution... Du coup, moi je demande juste comme ça en passant ; elle sert à quoi ta mission avec ton Arche là?... Nan, parce que a priori, le Déluge, il va pas éradiquer la faune et la flore sous marine... Du coup, Dieu (ah non, pardon, "le Créateur", restons pudique) il serait-y pas un peu en train de se foutre de ta gueule mon vieux Noé?...

Mais bon, je fais mon mauvais esprit là, car au fond on s'en fout : après tout, il s'agit d'une adaptation Biblique faite par un adepte de la métaphore ; les chances d'y trouver de la cohérence terre-à-terre sont donc à peu près aussi faibles que de trouver une jeune femme vierge dans la garçonnière de DSK après 1h du mat'....

Nan, ce qui m'a le plus déçu se situe ailleurs en fait :

Déjà, le film est inutilement verbeux et lourd là où d'habitude, Aronofsky arrive à être éloquent par la réal'.

Et ensuite, le film n'a aucune fulgurances atmosphériques intéressantes... Et pourtant il y avait matière à : je pense particulièrement au passage sur l'Arche où Noé commence à "péter une durite". Là il y avait vraiment un terrain de jeu palpitant pour un mec comme ce brave Darren, pour créer un truc particulier, nous faire flipper, nous offrir une expérience de folie viscérale et sensorielle par un langage ciné approprié... Mais non, rien. On a juste Jennifer Connelly qui sécrète du mucus par tous les pores de sa peau en gueulant des "punis moi!!! Fesse moi avec une pelle!!", Russel qui fait les gros yeux, qui monte une échelle et qui hurle sur le toit... Acceptable pour n'importe quel yes-man basique, mais ici fort désapointant trouve-je...

La déception m'assaille... Je m'en vais noyer mon vague à l'âme au fond d'un bon verre de Rhum et soigner mon aigreur par la lecture d'autres critiques SC mesquines et méchantes (j'ai bonne espoir d'en trouver car ce Noé est trop grand spectacle pour les cercles intellos prout-prout, trop mou pour les amateurs d'héroïc fantasy grandiose, trop incohérent pour les Jean-pinailleur, trop Religieux pour les laïcards, trop profane pour les cul-bénit, trop inconsistant pour espérer être embarqué tout simplement...) sur un film qui a su briser mes naïves illusions, voilà... snif.