Le décès de Jim Henson aura laissé un grand vide dans le Muppet show, laissant Kermit, Peggy et leurs amis orphelins, et plongeant l’entreprise dans une profonde incertitude. Les rênes du studio seront alors confiés à son fils, officiant en étroite collaboration avec les studios Disney qui finiront par absorber complètement la compagnie en 2003. Evidemment cette succession ne se fera pas sans un minimum de concession. Noël chez les Muppets fut donc le premier long-métrage de Brian Henson, adapté du célèbre conte de Charles Dickens.
Sous le giron de la firme aux grandes oreilles, les Muppets vont perdre en virulence mais gagner en grandeur d’âme. Chaque personnage se verra ainsi affublé d’un rôle comme au cinéma. Tantôt acteurs, figurants et témoins des agissements du tyrannique usurier Ebenezer Scrooge (Michael Caine) pour lequel ses employés remplissent les avis d’expulsion en étant traité au lance-pierre pour un salaire de misère. C’est le réveillon et alors ? Ce n’est pas un jour férié après tout. Cette cruauté sans pareil va néanmoins lui coûter la visite de trois esprits des Noëls passé, présent et futur afin de lui inculquer les sempiternelles bonnes valeurs morales, sous peine de devoir traîner des chaînes dans les limbes pour l’éternité.
Tout le monde connait l’histoire par cœur. Ce qui différencie cette adaptation d’une autre (Le Noël de Mickey) se situe dans son traitement, puisque les humains y côtoient les marionnettes de concert. Evidemment, le film est ponctué de gags humoristiques, de musiques entêtantes et de fantaisies. Noël chez les Muppets s’adresse plus volontiers aux enfants, mais les parents ne seront pas en reste et ne manqueront pas d’être émerveillés par cette reconstitution fantasmé des rues Londonienne mariant le style gothique à la féérie ambiante des festivités. Chaque fantôme trouve un lien direct avec son environnement. Aussi il n’y aura rien de surprenant à ce que l’esprit des Noëls futur soit personnifié par une représentation de la mort, elle-même.
A cette occasion, Frank Oz (Dark Crystal) a créé une bonne centaine de personnage supplémentaire afin d’étoffer cet univers en rire et chanson. Il aurait été difficile de trouver meilleur interprète que Michael Caine pour tenir le rôle du Scrooge. Le comédien ne cède jamais aux velléités des marionnettes qui voudraient bien lui piquer la vedette. Pour la première fois, les Muppets seront même relégués au second plan, sans que cette décision n’entrave le bon déroulement du film. D’ailleurs, si la magie en vient à opérer, c’est bien grâce au soin méticuleux accordé à sa mise en scène (mouvements de caméra ample, superbe raccords et transitions, magnifique photographie, etc), ainsi qu’à ses décors, maquettes, et effets spéciaux. Noël chez les Muppets constitue sans nul doute l’une des meilleures trahisons faite à ce classique de la littérature anglaise et devrait constituer un divertissement de premier choix pour occuper vos chères têtes blondes le temps d’offrir une gâterie au Père Noël.
En cette période de festivités où il convient de se réunir en famille, d'ouvrir les cadeaux et de déguster une bonne pintade fourrée. L’Écran Barge vous propose de déterrer la hache de guerre en pervertissant l'esprit de Noël. Cette sélection de films saisonniers accompagnés de critiques virulentes et acerbes est donc réservés aux viandards, aux bisseux, aux tueurs de masses, aux durs à cuirs, aux frustrés et à tous ceux qui ne croient plus aux bons sentiments et à la paix dans le monde depuis bien trop longtemps.