Noémie a 15 ans et vit dans un foyer depuis plusieurs années.
Sa mère, complètement paumée et qui semble à peine plus âgée qu'elle est incapable de s'en occuper. Lors d'une nouvelle comparution devant le juge, la mère refuse une fois de plus de reprendre Noémie chez elle. Désespérée, la jeune fille fait une fugue et rejoint son amie Léa qui s'est elle-même échappée du centre quelque temps plus tôt. Elle lui fait rencontrer sa bande en apparence très accueillante. Mais cet accueil a un prix...
Noémie est immédiatement repérée par Zach, le plus beau garçon de la bande, celui que toutes les filles s'arrachent. Les deux jeunes gens tombent amoureux et rapidement Zach propose à Noémie de devenir escort girl lors de l'annuel week-end du Grand Prix de Formule 1 de Montréal. Ce ne sera que pour un week-end et promis, après, ils partiront ensemble, loin. Très séducteur et manipulateur, Zach n'insiste pas trop, même s'il la laisse entre les mains d'un de ses amis avec pour mission de bien s'occuper de lui... D'abord révulsée, Noémie refuse puis, encouragée par Léa qui semble très enthousiaste et pas traumatisée par ce qu'elle fait depuis des mois et aussi tentée par l'appât du gain et de l'argent facile (8 à 9 000 dollars sur le week-end), elle accepte.
Le sujet est on ne peut plus sordide. Il s'agit bel et bien de la prostitution des adolescentes organisée par de jeunes garçons proxénètes. La réalisatrice est particulièrement bouleversée par ce phénomène qui touche les jeunes filles dès 15 ans et notamment lors de ce fameux week-end de grand prix automobile où certains hommes se défoulent aussi bien autour du circuit que dans des hôtels avec de très jeunes filles moyennant un tarif négocié sur internet par les garçons en fonction des exigences des clients. Autant le dire clairement : c'est à vomir d'horreur pour les filles et de honte pour ces mecs dégueulasses, inconscients.
C'est éprouvant mais la réalisatrice a manifestement fait deux choix. Celui de filmer ce week-end interminable sur la longueur, pour ne pas éluder l'abomination de la situation, de faire apparaître sur l'écran les chiffres ahurissants qui peu à peu augmentent et représentent le nombre de types qui défilent dans la chambre d'hôtel, mais aussi de rester à une distance qui rend la mise en scène d'une qualité impressionnante, sans érotisation extrême et voyante (ou voyeuriste) du personnage principal. On ne voit jamais Noémie totalement nue par exemple. Les hommes dont certains répugnants, avinés, brutaux, si.
Pour interpréter le rôle de cette victime prétendument consentante d'un commerce abject, Kelly Depeault (déjà exceptionnelle dans La déesse des mouches à feu) est époustouflante dans ce nouveau rôle éprouvant. Espérons quand même que pour le prochain film elle se sorte de ces personnages d'ados torturées dans tous les sens du terme.
Ce film m'a une nouvelle fois évoqué cette réplique de Fort Saganne d'Alain Corneau. Alors qu'au milieu du désert en 1911 le Capitaine Saganne est chargé de combattre des révoltes en plein Sahara, on lui propose, pour tromper l'ennui, de partager la couche d'une petite indigène. Je n'ai jamais oublié sa réponse :
"Je ne suis pas venu ici pour passer mes nerfs sur des petites filles"...
(et pourtant le Capitaine Saganne c'est... mais c'est une autre histoire).