Prenez Klaus Kinski, faites-lui un make-up rajeunissant et injectez lui le caractère monolithe de Daniel Craig. A présent, vissez sa tête sur le torse de Bruce Lee. Greffez-lui les bras et les jambes de Jean-Claude Van Damme.
Vous avez votre héros, Jonathan Cross dit la Jaguar !
Son histoire, à présent.
Placez-le dans un Bébel mais sans les dialogues d'Audiard et remplacez les scènes de bastons par des lieux communs du film de karaté. Faîtes-en une sorte de chemin de randonnée bondien sans trop vous préoccuper des transitions. Ce n'est pas grave si un antagoniste décide de le laisser partir après avoir tenté de le tuer à multiples reprises, simplement en le congratulant d'un froid mais sympathique: "Au revoir".
Cet ennemi, non, ce ne sera pas Valéry Giscard d'Estaing.
Allez le choisir, ainsi que les autres, dans un James Bond de préférence, en disposant chaque méchant sur la route du héros en respectant leur ordre d'apparition dans la saga EON. D'abord le Dr No, Joseph Wiseman, qu'on qu'à rendre sympathique et faible. Aveugle, c'est encore mieux. Bref, faisons-en plutôt un allié. Ensuite, Blofeld, Donald Pleasance, dans le rôle d'un dictateur caricatural car, à ce moment du film, les choses ne sont pas encore bien sérieuses. Tant qu'à en être en 1967, faîtes-le suivre de la vedette de What's new Pussycat absente de Casino Royale, Capucine. Puis, lancez votre gros point casting, L'Homme au pistolet d'or, Christopher Lee. Cela fait, faîtes revenir un parfait inconnu, brièvement rencontré en début de film, pour l'affrontement final. Toutes les rencontres auront permis cette ultime confrontation.
Vous avez vos méchants !
Choisissez vos alliés parmi les James Bond également: prenez le M de la saga Pussycat, John Huston. Mettez-le dans une chaise à roulette pour qu'il soit incapable d'aider réellement. Et, pour faire moderne, prenez l'une des dernières James Bond Girls badass du moment, Barbara Bach, et faîtes-en la patronne du Jaguar.
Privilégiez une photographie sautillante par instants, due à un mauvais mixage ou des mouvements brusques de caméra. Mais rattrapez le tout avec une bonne musique générique sur laquelle vous proposerez vos crédits dans une version masculine du générique de Barbarella.
Vous avez votre film !
Ni le nanar que l'on veut qu'il soit ni le bon film d'espionnage que son casting cinq étoiles laisse espérer,
Nom de code: Jaguar est un film bancal, tantôt excellent, tantôt décevant, à l'image de sa photographie particulière qui peut être très vivante et très interactive comme dans la scène pré-générique mais peut se faire désordonnée et anarchique, comme dans des scènes où des mouvements brusques de caméra donnent l'impression d'un film amateur ... mais avec de grosses vedettes !
J'aimerais tant a-Bond-er dans son sens mais il y a trop de zéros pour aller jusqu'à sept ...
Dommage, car le coeur et le casting y sont !