Un autre usage du monde

Nomad’s Land, sur les traces de Nicolas Bouvier, est un carnet de voyage filmé, que le suisse Gaël Métroz a réalisé, pensant reprendre le trajet que l’auteur de L’usage du monde avait entrepris en 1952 entre la Suisse et Ceylan. Mais la traversée de l’Asie, cinquante ans plus tard, se révèle être un tout autre voyage. Le monde a changé. Les gens aussi. Les villes d’Iran ou du Pakistan ne semblent plus aussi accueillantes aujourd’hui. Métroz a rêvé de Tabriz en Iran pendant des années. Au lieu de la ville des arts qu’il avait imaginée, il a trouvé une cité industrielle, soumise à une loi islamique qui interdit jusqu'à la musique de rue... A partir là, le scénario qu’il avait envisagé explose. Il quitte l’itinéraire de Bouvier, et part avec des nomades fumeurs d'opium, par les chemins de traverse, en jeep, en chameau, yak, dromadaire, et surtout à pied. Les six mois prévus en deviennent treize et la route a sérieusement dévié de l'itinéraire du maître. S’il quitte les grands axes tracés par l’écrivain, il le rejoint sur sa philosophie du voyage : « Un voyage se passe de motif. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même ».

Dans les montagnes d’Iran, il passe plusieurs semaines avec une famille de nomades Kachkaï. Au Pakistan, c’est encore avec des nomades de l’Himalaya qu’il se liera d’amitié, une famille de Kalashs survivant tant bien que mal dans cette «zone tribale» qui échappe au contrôle de l'Etat pakistanais. Et une rencontre encore en Inde, celle d’une famille de gitans à Jaisalmer , ville du Rajasthan.

Nomad’s Land, sur les traces de Nicolas Bouvier est un voyage initiatique hors des sentiers battus, et hors du temps. Des images radieuses sur des étendues sans fin et sur d’autres manières de vivre . Gaël Métroz propose son point de vue avec ses questionnements, ses surprises, sa solitude parfois difficile, mais aussi les moments où il se sent extraordinairement chez soi. Imprégné des beautés de cette humanité diverse qu’il croise, de la seule vraie richesse que représentent la rencontre et l’échange