Si Nomadland n’a pas pour vocation de dépeindre avec précision une réalité économique et sociale contemporaine déjà bien connue et vue dans de nombreux films, il a en revanche celle d’inviter au voyage, à l’ennui et aux rêves.
D’un naturel irrité par tout ce qui touche de près ou de loin à une station-service, il ne m’est jamais autant paru urgent de faire le plein. De faire le plein et partir, troquer ma tenue de citoyen modèle contre un gros pull en laine usé, vivre au rythme du ciel et se lever avec le ressac des marées. Frances McDormand réussit à lisser presque toute notion de genre, de sexe, pour laisser place à l’humain dans sa forme la plus brute.
C’est le reflet d’une société sur le déclin, devant laquelle certains ont choisi de prendre la tangente, de manière souvent contrainte mais sans jamais s’en plaindre. Loin du pathos ou de la tragédie, Chloé Zhao nous montre au travers de personnages édifiants, une autre façon de vivre, d’appréhender les biens matériels, les relations humaines et le temps.
Un film touchant, une musique envoûtante et des paysages d’une éblouissante simplicité, un film vivement recommandé.