J’ai personnellement beaucoup aimé Nomadland, je m’en doutais étant donné le thème abordé et les récompenses multiples obtenues par le film. Certaines scènes étaient parfois longues, mais c’était, je pense, le but de Chloé Zhao, qui cherche dans Nomadland à ouvrir l’esprit du spectateur sur un mode de vie qui lui est radicalement étranger. Etre un nouveau nomade aux Etats-Unis, c’est voir son rythme de vie, si intensif aujourd’hui dans les pays occidentaux, ralentir considérablement. C’est aussi voir certaines choses pouvant paraître secondaires, ou de l’ordre du loisir, aux yeux du spectateur, venir au premier plan de la vie, comme le contact avec la nature, les grandes espaces si caractéristiques des Etats-Unis (certains plans sont d’ailleurs absolument sublimes), l’aide à des membres de la communauté en difficulté, mais aussi de manière réciproque le fait d’accepter de recevoir de l’aide, parfois indispensable. Je pense que c’est ce que Bob Wells souhaite proposer à toutes ses personnes qui pensent avoir tout perdu, en leur montrant qu’une autre voie est possible, complètement différente, mais à même d’offrir un bonheur tout aussi, si ce n’est plus, véritable, grâce à la place prépondérante qu’elle donne à la solidarité et à la nature. Nomadland est donc pour moi avant tout un film sur la liberté, sur la reconnexion à soi possible grâce à ce mode de vie, certes plus modeste, mais aux multiples vertus. Nomadland est aussi un hommage à la nature, et aux bienfaits que celle-ci apporte à qui veut bien les recevoir, c’est d’ailleurs en cela que le film m’a le plus touché. Cependant, Nomadland est aussi un film empreint de mélancolie, de manque, de douleur, et de deuil, alors que Chloé Zhao insiste sur les blessures incurables et les cicatrices desquelles les nouveaux nomades américains sont imprégnés, et avec lesquelles ils doivent vivre le restant de leurs jours.