Premier film de John McTiernan (et unique qu'il ai écrit), Nomads est une œuvre fantastique singulière qui pourra rebuter aussi bien le spectateur lambda que le fanatique du futur réalisateur de Predator. Bien qu'étant agréablement original, le film souffre malheureusement des habituels défauts de première réalisation, même si l'on sent déjà la maîtrise de McTiernan à instaurer ambiance sombre et action sous tension. L'approche quasi-épistolaire force le respect : un anthropologue ensanglanté dans un hôpital susurre des mots incompréhensibles à une doctoresse avant de succomber de ses blessures...
Dès lors, la jeune femme va avoir des visions incessantes des évènements qui sont arrivés à cet anthropologue, notamment à travers ses propres yeux. Nous découvrons ainsi en même temps qu'elle que le dénommé Jean-Charles Pommier a découvert une bande de nomades modernes aux allures de punks dont les étranges agissements vont l'attirer dans une spirale infernale. McTiernan propose un scénario malin et bigrement efficace mais dont le manque de repères et d'une certaine cohérence dans le montage empêche clairement le spectateur de suivre agréablement le récit. De plus, et c'est là le plus gros défaut du film, le héros est un aventurier français interprété par Pierce Brosnan, dans son tout premier rôle au cinéma et malheureusement pas très convaincant.
Et si l'acteur irlandais se débrouille bien en alternant français et anglais, son accent le trahit de trop nombreuses fois et l'empêche d'être crédible. Le rôle étant à l'origine confié à Gérard Depardieu (qui déclina), pourquoi ne pas avoir choisi un autre acteur français ou tout simplement changé la nationalité du héros ? D'autre part, la quasi-omniprésente musique du guitariste de hard rock Ted Nugent contraste avec l'atmosphère lugubre des séquences filmées par McTiernan, pas aidées non plus par l'OST d'un Bill Conti à tatillon qui n'offre pas une partition très mémorable. Ainsi, en dépit de défauts immuables et d'un scénario un brin maladroit pour ne pas dire alambiqué, Nomads reste une curiosité du cinéma de genre à voir assurément.
À noter que la VF est tout simplement désastreuse, l'anthropologue français Jean-Charles Pommier devenant Johnny Baumann, un Allemand, tandis que la plupart des dialogues sont réécrits avec un tout autre sens. VO obligatoire donc.