Dire que je ne suis pas une inconditionnelle de Christophe Honoré est un doux euphémisme, mais tout est relatif et comparé à Dans Paris qui m'avait prodigieusement ennuyée, Non, ma fille... m'a paru moins surfait et moins artificiel.
Il brosse le portrait d'une femme, d'une mère, un peu paumée, un peu timbrée, un peu rebelle, qui dénote dans sa famille, étouffée par sa mère, écrasée par sa soeur, moquée par son jeune frère et qui rate tout ce qu'elle entreprend : pour la première fois j'ai vu Chiara Mastroianni investie dans un rôle, plus vraie, plus sincère, elle dont le jeu ne m'avait jamais touchée auparavant.
Marie-Christine Barrault en mère courage sonne assez juste : solide et aimante elle veut à tout prix faire le bien de sa fille malgré elle, et compose aussi un personnage d'épouse moins conventionnelle qu'il n'y paraît, "qui n'aime plus son mari comme au début, bien sûr", mais qui se dit "très heureuse": elle a tout compris.
Marina Foïs, regard vindicatif et parole acerbe, décrète et critique sans la moindre indulgence une soeur qu'elle juge infantile et irresponsable, d'autant plus dure et lucide qu'elle est elle-même proche de la rupture, et Jean- Marc Barr prête sa présence sans grand charisme il faut bien le dire, à Nigel, le mari volage que Léna a renvoyé pour se consacrer seule à ses enfants, mais comble de l'ironie, c'est son jeune fils qui se met en devoir de la protéger.
Un film pas inintéressant, qui doit beaucoup aux ruptures de ton et à la confrontation des personnages dans leur diversité, posant la question qui semble essentielle: peut-on faire le bonheur des siens malgré eux ?