Pas loin de mettre ce film dans mon cycle western, catégorie hors série. C'est aussi un western, mais aussi un film fantastique.
Le système met un peu de temps à s'installer. Où va-ton, que suit-on ? Qui est ce bonhomme perdu dans son ranch avec sa soeur qui vient parfois lui donner un coup de main plutôt contre-productif parce que très dilettante ? Qui est cet autre propriétaire de parc d'attractions ?
On s'attache d'abord à suivre ce fils qui a perdu son père dans un événement improbable et incompréhensible, qui erre comme une âme en peine dans son ranch et dans la vie. Et puis, on commence à comprendre d'où vient l'improbable, il vient du ciel.
Mais en fait, peu importe ce qui survient pour bousculer les destins. Il faut parfois des événements énormes pour révéler et transformer les hommes. Ici, ce sera une bestiole protéiforme, mi cerf-volant mi trou de balle, un prédateur du ciel.
Enfin, je dis peu importe ce qui survient : la force des ricains, c'est de mettre du spectaculaire dans l'introspection. Nous, on sait moins faire, dans notre cinéma. On fait rarement dans le fantastique. Et là, le monstre, complètement destructuré, entre le cubisme et le découpage papier, il fonctionne bien. L'aspect ne fait pas peur, mais on comprend bien que c'est un tueur sans états d'âmes. Et on le voit.
C'est alors que la transformation de notre bonhomme du début, son redressement, son leadership, sa détermination se manifeste jusque dans le physique. Il sait quoi faire, il n'a plus peur.
Et sa soeur, idem. Elle devient responsable, elle ne fuit plus la lutte pour la vie ou la survie, elle y va.
Quand on mixe ces histoires de vie avec une histoire bien solide et bien captivante, quand on la filme comme Peel sait la filmer, on passe deux bonnes heures.