Norma Rae
7.3
Norma Rae

Film de Martin Ritt (1979)

Chouette film.


L'intrigue se suit bien : il y a une certaine sobriété dans cette peinture du petit peuple, l'auteur évite le misérabilisme facile et montre des personnages qui vivent, qui s’accommodent, qui pleurent, qui luttent mais qui rient aussi. Les personnages sont bien écrits ; les situations sont bien amenées ; les conflits sont prenants et les résolutions sont pertinentes, pas toujours simples.


C'est l'époque où le syndicats envoyaient du rêve. Que reste-t-il des syndicats aujourd'hui ? Je suis syndiqué et j'ai l'impression que ça ne sert à rien à part prélever de l'argent chaque mois sur mon compte. En effet, les délégués n'ont pas forcément de réponses à mes questions, m'induisent parfois en erreur et ne s'en excusent jamais. Pire, il y a des injustices au boulot, on les signale mais ça ne sert à rien, ils ne se bougent pas ; le gouvernement fait passer des réformes absurdes qui ne satisfont pas les employés, le syndicat ne se bouge pas, ou alors il fait semblant, promet de ne pas se laisser faire et quelques semaines ou mois plus tard, quand on a un peu oublié les promesses, ils signent et trahissent leurs affiliés. C'est ce que je ressens en tous cas, je ne me suis pas senti beaucoup plus aidé depuis que je me suis affilié sur la recommandation de tout le monde. C'est pratique pour faire grève, oui. Mais on ne fait pas grève souvent. Et jusqu'à maintenant je n'ai pas pris part à une quelconque grève... Soit.


Après, ce n'est pas vraiment un film sur le syndicat. D'ailleurs on ne nous apprend pas tellement de choses sur ce qu'un syndicat peut offrir aux travailleurs, c'est à peine si on en parle. Non, c'est surtout un film sur l'endoctrinement mais aussi la volonté de défier l'autorité. On s'en fiche de la Cause pour laquelle Norma se révolte, ce qui compte c'est la cause, avec un c minuscule, c'est-à-dire sa cause à elle, son besoin de trouver une vie décente qui lui plaise. Elle pensait que se marier à un homme gentil suffirait, mais non. Triste sort d'ailleurs réservé à l'époux qui s'écrasera jusqu'à la fin (quand elle lui dit qu'elle a songé à le tromper et lui répond qu'il n'y songera jamais et qu'il l'attendra toujours car il n'y a qu'elle)


La mise en scène est bonne. Le réalisateur filme sobrement, sans effets malvenus ; il se laisse aller à une esthétique plus léchée pour la scène du lac, mais ça se justifie par l'intrigue, et surtout ce n'est pas trop appuyé. Le casting est super, de très bons acteurs, une bonne alchimie, de bonnes gueules reconnaissables, des performances sobres, naturelles. Les décors sont très bien trouvés et très bien filmés. L'on appréciera aussi le travail sonore puisque les acteurs dialoguent alors que des machines sont en marche. La scène de l'arrêt est mémorable également pour la manière de gérer le son.


Bref, un très bon film. Et en plus c'est féministe, en fait !

Fatpooper
8
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le 20 juil. 2020

Critique lue 102 fois

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Fatpooper

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