J'avais bien aimé Les Femmes du 6ème étage et assez aimé Alceste à bicyclette, d'où ma déception avec le nouveau film de Philippe Le Guay.
Le scénario n'est pas au point. Les personnages n'ont pas de vraie existence, on n'arrive pas à s'intéresser à eux. Et pourtant, Le Guay a réuni des acteurs d'ordinaire très bons. Mais là, la mayonnaise ne prend pas. Même Cluzet ne me convainc pas : il ne croit pas en son personnage et parce qu'il n'y croit pas, il cabotine, et pas qu'un peu. Toby Jones, dans le rôle du génial photographe américain, n'y est pas non plus (il s'emmerde). Grégory Gadebois, si bon dans Marvin ou la belle éducation, n'est que moyennement convaincant dans le rôle du boucher voulant garder jalousement pour lui la nudité de sa plantureuse moitié. Et Arthur Dupont qui, certes, a de magnifiques yeux bleus et une beauté virile réjouissante, ne sait pas quoi faire de son personnage, il est comme ahuri, à côté de ses pompes. Je ne vais pas les passer tous en revue, mais dans l'ensemble, la psychologie des personnages de l'histoire ne tient pas la route. C'est le premier défaut du film. Bon, je sauve quand même Patrick d'Assumçao (il assume avec panache une nudité ingrate et joue juste) et, à un degré moindre, Philippe Rebbot et les deux assistants du photographe américain.
2ème défaut du film (et j'arrêterai là, car mon propos n'est pas de l'assassiner, je lui ai mis "5") : le final est raté. Quand on promet pendant 90 minutes de mettre nu tout un village, on tient sa promesse et on met vraiment les gens à poil, hommes et femmes (on ne met pas à certains ou certaines des culottes couleur chair) et on s'arrange pour que la photo soit belle et époustouflante (même si on a à montrer une majorité de mochetés). On en met plein la vue au spectateur, quitte à faire appel pour ces quelques minutes-là au meilleur directeur de la photographie du marché (Philippe Rousselot par exemple ou un autre). On les filme nus mais avec art. Quand Cézanne peint des pommes, ce ne sont que des pommes, des pommes banales et pourtant ça donne un tableau admirable. J'aurais aimé voir un plan séquence (ou autre chose) de trois-quatre minutes montrant le petit peuple de Normandie vraiment nu et cependant transfiguré par la prise de vue, le cadrage, la lumière, la nature environnante... Oui, j'aurais aimé en prendre plein la vue et non pas me dire : tout ça pour ça, bof !
Enfin, cerise sur le gâteau : j'ai assez peu ri.