C'était il y a à peu près dix ans. Pour avoir les résultats du bac, on devait se connecter sur le mythique minitel. On écoutait The Cure, Telephone et la Mano Negra, c'était à la mode.
Et pis y'avait le culot aussi. Et ça, le petit Lucas, il en a à revendre. Le film s'ouvre sur cette scène, magique, d'un jeune homme qui profite de la fin de l'année pour aller balancer ces 4 vérités au prof qu'il déteste le plus au monde.
Une belle leçon de courage ? ahah de courage, je sais pas... Ce qui suit les insultes, les critiques, l'humiliation est bien pire. Ce prof, Monsieur Martineau, qui "pue la méchanceté et la médiocrité", c'est celui-ci même qui lui fera passer son oral de rattrapage de philo si Lucas se mange au bac.
Autant dire que Lucas a renoncé à l'idée de décrocher son bac cette année. En brave jeune des années 90, il se pointe avec ses potes à une fiesta organisée par une meuf qu'ils ne connaissent pas plus que ça. A cette soirée, Lucas y rencontre Clémence. A part son prénom, il ne sait rien sur elle...
Va-t-il passer les prochains jours à réviser pour rien ou à rêver de cette jolie inconnue ?
La réponse aurait été évidente si on ne comptait pas sur l'intervention divine de sa meilleure amie Alice qui insiste : Lucas l'aura son bac, y'a pas de raison. Et elle compte bien s'employer à tout faire pour que Lucas rattrape ses points (de confiance et du bac) auprès de Monsieur Martineau (Michel Blanc, exceptionnel), le prof sadique.
Par un heureux concours de circonstances, Monsieur Martineau, grand seigneur, invite Lucas à venir réviser son oral de rattrapage chez lui, non sans lui avoir rendu la monnaie de sa pièce.
18 ans, et plus du tout puceaux
Le film met l'accent sur ce qu'éprouvent ces adulescents. A cet âge, c'est bien connu, on est con, nombriliste et on ne pense qu'à deux choses : ses potes et tirer son coup.
On peut d'ailleurs compter sur la participation active du copain "chaud-de-la-bite" pour nous le démontrer en se tapant un peu tout ce qui bouge. Il ne se prive pas pour se taper la petite soeur mineure de sa copine (ce qui nous vaudra une réplique fabuleuse : "Quand ça a des poils, c'est pas pédophile") et arrivera même à foutre sa copine enceinte. Celle-ci va bien foutre la merde, également en décidant de garder l'enfant, sur les conseils avisés de maman.
Pourquoi ne pas évoquer plus profondément ce chapitre ? "Nos 18 ans" est un film sur une époque, pas sur des problèmes sociaux. La grossesse de Sarah ne fait que sous-entendre une chose : on a beau avoir de jolis plans dans la vie, une merde est vite, très vite arrivée...
On voit également les premiers de la classe, ces nerds, toujours puceaux mais promis à une brillante carrière (et à un joyeux compte en banque) qui aspirent à décrocher la prestigieuse mention "très bien" au baccalauréat. Edgar sera la figure emblématique de cette catégorie de jeunes ambitieux dans "Nos 18 ans". Propre sur lui, un balais dans le cul, des lunettes et le petit chandail posé délicatement sur les épaules, il est l'incarnation du nerd par excellence... On en connaît tous un.
L'échec
Un aspect de cette heureuse période est d'ailleurs évoquée alors que d'habitude, comme si c'était tabou ou super drôle, on en parle pas sérieusement : l'échec.
C'est Clarisse, la petite blonde qui écope du rôle de la grosse loseuse, échouant lamentablement, au point de ne même pas avoir l'opportunité de se présenter à la session de rattrapage.
La consultation du fameux tableau avec les résultats...
"On n'est nulle part, on n'existe pas, on n'est même pas une merde, on est rien du tout", déclarait une amie à qui s'était arrivé.
On imagine que Clarisse est rentré chez elle pour chercher le soutien de ses parents qui n'ont pas plus réagis que ça. Essuyer une deuxième fois l'ignorance, se sentir une seconde fois comme une plante qu'on laisse crever de soif dans un coin, ce doit être dur. Alors Clarisse chiale un bon coup.
C'est vrai que pendant ces périodes de révisions, saupoudrés à grands coups de "si tu loupes ton bac, t'arriveras jamais à rien dans ta vie" scandés par les parents, les profs, toutes formes d'institutions, on s'en persuade. Louper son bac, louper sa vie... Certains ne s'en relèvent pas mais "Nos 18 ans" offre une vision paisible et joyeuse de cette période donc forcément, Clarisse essuie son nez et prend son destin en main.
Elle rencontre un allemand qui roule de formidables pelles et décide de le suivre en Allemagne, sans rien savoir de la langue. Qui vivra verra ! J'avoue, on a peur qui lui arrive des bricoles mais on le répète, c'est une version édulcorée de la vie alors ça ira pour elle, on le sait bien.