Années 90.Vincent,trentenaire mal dans sa peau,doit diriger une colonie de vacances en Charente mais,entre des moniteurs improbables et des gamins déchaînés,l'été s'annonce compliqué.Deuxième long-métrage écrit et réalisé par Olivier Nakache et Eric Toledano,"Nos jours heureux" s'inscrit dans la mouvance du "film de colonies de vacances" qui est un sous-genre du film de vacances.On en a vu de diverses sortes,grosse comédie canadienne ratée avec "Arrête de ramer,t'es sur le sable",vignettes vintage avec "Le petit bougnat",où apparaissait pour la première fois une Isabelle Adjani encore adolescente,ou psychodrame tragi-comique avec "La meilleure façon de marcher".La difficulté consiste en général à trouver un équilibre entre le temps consacré aux encadrants et celui dévolu aux enfants,ce que les auteurs parviennent assez bien à faire ici même si,comme c'est l'usage,les histoires des adultes,qui recèlent plus de potentiel dramatique,sont privilégiées.Le film prend la forme d'une suite de sketches inégaux parfois très drôles,parfois beaucoup moins,et contient pas mal de gags peu originaux,voire plutôt lourds.Mais les personnages,qu'ils soient monos ou enfants,sont bien dessinés et inspirent la sympathie,ce qui aboutit à une comédie pas fracassante mais relativement agréable,émaillée d'instants hilarants et de plages d'émotion et de nostalgie habilement gérées.Les deux réalisateurs ont vraiment été moniteurs de colos dans leur jeunesse,ce qui confère une certaine authenticité à leur travail.La distribution,très à son avantage,contribue notablement à l'efficacité du film.Dans le rôle principal,Jean-Paul Rouve,impeccable comme toujours, promène sa dégaine d'ado attardé et sait jouer des nuances d'un personnage paumé et velléitaire qui tente d'imposer une autorité qui lui manque.Il était déjà la vedette l'année précédente du premier film des Nakadano,"Je préfère qu'on reste amis",où il cotoyait des acteurs présents ici comme Lionel Abelanski,Lise Lamétrie,Idit Cebula,plus connue comme réalisatrice,ou Catherine Hosmalin,la meilleure grosse du cinéma français.L'équipe éducative comprend une infirmière sans diplôme mais pleine de bonne volonté incarnée par une Marilou Berry très à l'aise,un beau gosse dragueur invétéré qui a les traits avenants de l'excellent Lannick Gautry,un costaud solaire et joyeux qui n'est autre qu'Omar Sy,l'acteur fétiche de Nakache et Toledano,qui explosera cinq ans plus tard dans "Intouchables" des mêmes auteurs,une coincée timide et timorée dont Joséphine de Meaux donne une interprétation démentielle lorsqu'elle se libère et se transforme en une fille déchaînée au langage ordurier,un canadien bourrin,sans filtre et brut de décoffrage qui révèle l'étonnant Guillaume Cyr et une bombasse tire-au-flanc qui a le physique affolant de Julie Fournier,future gendarmette de la série "Section de recherche".On a aussi un Jean Benguigui très marrant en cuistot arabe qui ne sert que des plats orientaux indigestes qui écoeurent tout le monde,plus Jacques Boudet et Jean-Michel Lahmi irrésistibles en pères protecteurs et intrusifs.Les enfants,bien castés,sont tous formidables,particulièrement le jeune belge Jeremy Denisty,fantastique en génie précoce distingué et raisonneur,et une Ilona Bachelier toute minote qu'on retrouvera en 2011 dans "La nouvelle guerre des boutons".Beaucoup de ces comédiens reviendront dans le film suivant des Nakadano,"Tellement proches",à savoir Sy,de Meaux,Benguigui,Abelanski,Hosmalin,Gautry,Lamétrie et Joël Pyrène.Ce dernier joue le chauffeur de bus,un rôle qu'il tient dans les deux films,ce qui fait penser que c'était réellement son métier avant que les réalisateurs ne l'engagent.