Pêchers capitaux
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Le problème des Solé est ici : propriétaires de leur exploitation à l'époque des hommes de parole, ils ne le sont plus à celle des hommes de pactole. Rogelio, le grand-père qui avait reçu cette terre de la part de son voisin reconnaissant, répète des histoires issues de son monde sans que personne ne s'en émeuve, tant ce monde n'a rien de commun avec les réalités actuelles. Cette terre qu'il a traitée avec amour, que son fils a traitée au sulfate - compétitivité oblige - et que son petit-fils aimerait traiter de quelque manière que ce soit, justement, n'est que de la terre aux yeux des chantres de la rentabilité.
Bien qu'il soit aujourd'hui impossible de faire un film sur le monde agricole sans parler de politique, Carla Simón a eu la bonne idée de ne pas faire de son œuvre un manifeste trop direct. C'est en passant par le portrait que la portée en est plus percutante : ses personnages nuancés incarnés par des acteurs jouant tous plus juste les uns que les autres emportent l'adhésion, à l'image d'un Quimet sombrant peu à peu dans une folie des plus saines. Ils sont parfois même victimes d'un humour plus tendre que grinçant, comme lorsque Mariona répète sa chorégraphie en chantant "c'est qui la patronne ?", alors que de toute évidence, ce n'est pas elle.
On regrettera pourtant l'absence de scènes marquantes - si ce n'est à la toute fin - au profit d'une addition d'instants de vie dont la quasi linéarité a quelque chose de frustrant. Paradoxalement, ne pas assister à des scènes choc (comme celles auxquelles As bestas avait pu nous confronter), permet de faire un parallèle évident avec les vers de T.S. Eliot : C'est ainsi que finit le monde / Pas sur un boom, mais sur un murmure.
Créée
le 23 févr. 2023
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