Il est difficile de me faire un avis sur ce film. Cet opéra baroque est un hommage ultra-fidèle, une relecture plan par plan, idée par idée à la symphonie expressionniste de Murnau. Les deux sont le même film, mais sous un courant artistique différent.
Entendons-nous bien, le film d'Herzog est parfait objectivement. Des plans sublimes, une photographie envoûtante, une plastique superbe (l'une des plus belles que j'ai vu avec L'Etrange Affaire Angelica de Oliveira).
Mais il y a un "mais". On est quand même loin de la saveur effrayante du film de 1922 qui lui était glaçant de peur par son ton suggéré et humble. Il provoquait avec modestie une peur savoureuse et inégalable dans son style, une peur qu'on adore. La version baroque et qui flirte parfois très légèrement avec le gothique est déja beaucoup plus démonstratif et cela perd un peu de charme. Et puis l'absence de paroles dans le premier film contribuait beaucoup à l'ambiance glaçante, alors que le personnage de Klaus Kinski et ses discours le rendent bien trop ambigu dans la version des seventies. Le film d'Herzog n'est donc quand même pas à la hauteur de la Symphonie de Grauens qui est un de mes films préférés.
Puis Isabelle Adjani, une actrice que j'apprécie beaucoup habituellement, est un peu fade ici.
Mais ces plans, mon dieu. D'une beauté sans égale, à vous couper le souffle. Et une fin étonnante, sarcastique, qui est la seule véritable scène qui se détache du Murnau. Il faut bien mettre une note, cela fait parti du principe, mais je doute qu'elle illustre bien mon avis, et c'est pourquoi elle ne signifiera rien si vous ne lisez pas ma critique.