« Rentre ! C'est le moment où la lune réveille le vampire blafard sur sa couche vermeille. »
(Théophile Gautier power !)
Que 6.3 de moyenne pour Nosferatu ? Mais, c'est bien peu !
Je n'ai pas vu le film original. Le film d'Herzog est peut être un très mauvais remake de l'œuvre de Murnau.
Indépendamment de tout cela, c'est sacrément réussi. Brrr, ça fait même peur.
On va commencer par les points négatifs. Je ne sais pas si le film a été tourné à l'origine en allemand mais en tout cas, les acteurs sont TRÈS mal doublés. Jonathan a la voix de James Bond. Du coup, certaines scènes perdent toute leur crédibilité et frôlent le ridicule. La pauvre Isabelle Adjani n'a pas dû tourner en Français, du coup sa voix (qui ne va pas du tout avec son physique, c'est terrible) est sans cesse décalée par rapport à ce qu'elle raconte. Ajoutez à cela que son personnage est creux au possible...Le serviteur de Dracula a un rire absolument insupportable. Si la volonté d'Herzog était de rendre ce personnage comique et ridicule...well done ! Bref, le film a pris un petit coup de vieux.
Je ne connaissais ce cinéaste que de nom. Et bien...QUEL TALENT ! Certes, il prend son temps, passe 5 minutes (c'est long, oui) à filmer le ciel, l'eau, des détails qui semblent parfois insignifiants. Mais quelle beauté dans cette mise en scène ! Le parcours de Jonathan en Transylvanie témoigne des influences romantiques du cinéaste. On se croirait dans un tableau de Friedrich. C'est simple, la photographie apparente chaque scène à un tableau d'un peintre flamand, allemand ou même d'un préraphaélite. Adjani sur la plage, la peau diaphane, les cheveux noirs de jais, ressemble terriblement à toutes ces femmes peintes par ces artistes anglais de l'ère victorienne. Bref, sur un plan purement esthétique, c'est vraiment sublime.
Il y a une tension dans ce film particulièrement bien rendue. C'est parfois légèrement kitsch (ok, très kitsch) mais la musique suffit à vous glacer le sang. Et que dire de ces chauves souris, au ralenti, qui volent dans le brouillard, qui reviennent sans cesse dans le film...! Kinski est particulièrement effrayant, le jeu d'Adjani aussi (je suis méchante...). La peur s'installe chez le spectateur mais de façon tout à fait originale. Pas de bain de sang. La majeure partie des scènes se passe dans une lumière aveuglante, preuve que la peur peut naître en plein jour.
Superbe musique (Wagner en tête), décors de toute beauté qui expriment si bien la solitude de Nosferatu, ambiguïté de certaines scènes - on se demande si Lucy n'aimerait pas un peu Dracula, lors d'une scène à la fois sensuelle et terrifiante -, fin de génie...Allez, je m'arrête. Vous avez compris ? Regardez-le !
Pour couronner le tout, le rôle principal est tenu par un rat et toute la smala.