Les ornières de la ville
En compétition au dernier Festival de Cannes, Nostalgia a mis en lumière Mario Martone, un réalisateur italien peu connu en dehors de son pays, mais qui aligne néanmoins les longs métrages depuis...
le 5 janv. 2023
16 j'aime
Mario Martone est un cinéaste assez connu en Italie mais peu de ses œuvres sont parvenues à se frayer un chemin parmi les salles obscures françaises. « Nostalgia » rectifie le tir en plus d’avoir été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes en 2022. Il n’est pas aussi célèbre que certains cinéastes transalpins de ce que l’on pourrait nommer la Nouvelle Vague italienne avec des artistes comme Mateo Garrone ou Paolo Sorrentino. On pense d’ailleurs un peu à ce dernier à la vision de ce film. Lui qui nous avait offert les très beaux « Youth » et « This must be the place » nous avait surtout gratifié du chef-d’œuvre atmosphérique « La Grande Bellezza », multi récompensé à raison notamment d’un Oscar du meilleur film étranger. Et justement, ce film brocardait le superficiel de notre monde et de notre humanité à travers les déambulations d’un homme dans une Rome magnifiée, c’est ce que l’on retrouve un peu avec « Nostalgia » mais en version napolitaine. Martone est en né à Naples et il livre une déclaration d’amour à sa ville de naissance à travers ce long-métrage. Filmée de manière réaliste, pas plus béatifiée que salie, elle est l’âme d’une œuvre dont le but est de nous faire ressentir la mélancolie du passé. Et quoi de mieux que de prendre comme personnage principal et guide cinématographique de cette balade un personnage l’ayant quittée quarante ans plus tôt et qui la redécouvre avec nous. On est donc en plein dans une œuvre de ressenti. Le genre de film pas si courant dont notre avis dépendra en partie de notre humeur du jour et du contexte de visionnage. À nous de décider si l’on va se laisser porter (et envoûter) par ses déambulations napolitaines ou si cela va nous passer au-dessus voire nous ennuyer.
C’est pourquoi, on peut dire qu’on trouve le résultat mitigé. Si on n’est pas happé durant deux heures durant par cette histoire d’un retour qui fait appel à nos sens et au contemplatif, on ne peut nier ses qualités formelles et une sorte de parfum de nostalgie qui s’empare de nous, bien qu’on ne connaisse pas forcément cette illustre ville rongée par la mafia. Les images sont belles et « Nostalgia » prend son temps. Le film suit les errances de Felice, le personnage principal, joué par l’un des acteurs italiens les plus réputés du moment : Pierfrancesco Favino, vu notamment dans le chef-d’œuvre « Suburra » ou encore le récent et très réussi thriller « Dernière nuit à Milan ». Son charisme est indéniable et même s’il joue ici un personnage plutôt passif, il porte le film sur ses épaules. Dans la seconde partie, moins portée sur l’émotion que la première qui voit les retrouvailles avec une mère âgée occasionnant de très beaux moments, on découvre des secrets et le film semble s’ouvrir sur un aspect polar qu’on aurait cru être le sujet du film. Mais tout cela n’est que contexte et prétexte à parler du poids du passé et d’une ville qui ne veut plus de ceux qui l’ont quitté. On peut donc voir « Nostalgia » comme une déambulation contemplative et méditative dotée d’un certain charme qui prends le pouls d’une ville connue de tous et prompt à développer tous les fantasmes. Jusqu’à une conclusion tragique mais au final relativement prévisible. Pour amateurs et selon l’humeur, voici un long-métrage sensible et contemplatif sans être ennuyant dont le degré d’immersion dépendra de notre sensibilité du jour.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.
Créée
le 8 juil. 2024
Critique lue 4 fois
D'autres avis sur Nostalgia
En compétition au dernier Festival de Cannes, Nostalgia a mis en lumière Mario Martone, un réalisateur italien peu connu en dehors de son pays, mais qui aligne néanmoins les longs métrages depuis...
le 5 janv. 2023
16 j'aime
Dans nostalgia nous suivons Felice, de retour à Naples après 40 d'expatriation fructueuse, pour s'occuper des derniers jours de sa mère. On y apprend que Felice souhaite également retrouver son ami...
Par
le 16 janv. 2023
6 j'aime
Charles Aznavour avec "Emmenez-moi", nous chantait que la misère était moins pénible au soleil.Le quartier de Sanità à Naples, pourtant loin de la mer et loin des rêves, est effectivement là pour...
Par
le 31 mai 2023
4 j'aime
Du même critique
Le premier épisode était une franchement bonne surprise qui étendait l’univers du sorcier à lunettes avec intelligence et de manière plutôt jubilatoire. Une espèce de grand huit plein de nouveautés,...
Par
le 15 nov. 2018
93 j'aime
10
Si ce n’est une Cate Blanchett au-delà de toute critique et encore une fois impressionnante et monstrueuse de talent - en somme parfaite - c’est peu dire que ce film très attendu et prétendant à de...
Par
le 27 oct. 2022
90 j'aime
12
On se sent toujours un peu bête lorsqu’on fait partie des seuls à ne pas avoir aimé un film jugé à la quasi unanimité excellent voire proche du chef-d’œuvre, et cela par les critiques comme par une...
Par
le 18 oct. 2018
81 j'aime
11