Il y a un bordel extraordinaire dans les méninges de Valérie Donzelli, et elle arrive une nouvelle fois, à nous y inviter avec cette dernière proposition cinématographique.Derrière, l’histoire de Maud Crayon ( architecte au nom de famille prédestiné), il n’y a pas seulement le destin d’une femme devant composer devant un hasard dément. Il y a son rapport aux hommes de sa vie, sa difficulté à s’harmoniser entre le passé et le présent mais aussi une façon de décréter qu’à chaque épreuve il y a du bon malgré tout.Bien sûr, débutant comme une fable, Notre dame s’ancre petit à petit dans un réel virevoltant.Comme si le conte de fées avait besoin d’un ancrage dans la vraie vie pour ne pas devenir caricatural.A mon sens, ce grand écart bénéficie grandement à la bonne réception du film. Sans choisir un but qui prévaut sur un autre ( Le projet de Maud pour réhabiliter les alentours de Notre-Dame sera-t-il accepté? La quadra réglera-t-elle ses dilemmes amoureux? Comment gèrera-t-elle cette grossesse,elle aussi tombée du ciel?), Valérie Donzelli mène tout tambour battant comme elle en a souvent l’habitude.Cette énergie plaît ou divise mais ne peut pas laisser indifférent.Dans cet univers singulier et plutôt déjanté, sa direction d’un casting trois étoiles ( Philippe Katerine,Isabelle Candelier,Claude Pinon ou Samir Guesmi pour ne citer qu’eux) s’avère efficace et c’est plutôt une surprise de voir Donzelli diriger une équipe de cette ampleur, elle qu’on pensait habituée à des équipes plus réduites.Au niveau contenu, on ne peut qu’apprécier son utilisation de la narration en se servant du cinéma muet ou de la chanson.Il faut accepter cet éventail de points de vue variés et dissonants pour rentrer dans ce capharnaüm narratif et visuel. La réalisatrice, malgré cette ambiance, arrive à garder une cohérence dans la tonalité d’ensemble et c’est plutôt remarquable.Mettre tant de choses aussi dans un film d’une heure trente demande un découpage à toute épreuve mais aussi une unité de l’équipe de tournage.Je vous conseille Notre dame pour son inventivité, sa folie douce, son envie de divertir sans freins, sa bonne humeur et son regard pas si blasé sur la vie.En se foutant joyeusement des chaînes info, de la passion exacerbée d’un procès médiatique, de l’usurpation face aux vrais visages, la variété des points de vue titille votre bon plaisir de ne pas céder à l’aseptisation. Que demander de plus?